Quatre-vingt-dix ans après avoir lancé son vernis à ongles, Revlon s'est placé mercredi sous le régime américain des faillites afin de négocier avec ses créanciers tout en poursuivant son activité. Le groupe, qui a réalisé l'an passé 2,1 milliards de dollars de chiffre d'affaires et une perte de 207 millions, est perclus de dettes : 3,3 milliards de dollars, alors que ses actifs n'étaient valorisés fin mars que 2,4 milliards.
Ce dépôt de bilan est un revers pour le financier Ron Perelman, dont le fonds avait pris le contrôle de Revlon en 1985 après une OPA hostile menée avec Michael Milken, le roi des « junk bonds ». Alors que le marché des cosmétiques est en croissance régulière, Revlon a multiplié les échecs et sous-performé par rapport aux géants du secteur, le français L'Oréal et l'américain Estée Lauder. Son OPA amicale sur son compatriote Elizabeth Arden, en 2016, n'a pas suffi à remettre Revlon sur les rails.
Propriétaire des parfums Juicy Couture, Elizabeth Taylor, Britney Spears, Christina Aguillera et AllSaints, le groupe Revlon, dirigé par Devra Perelman, la fille de Ron, n'a pas su prendre le virage des réseaux sociaux. Il n'a cessé de perdre des parts de marché au profit des géants du secteur et des marques lancées par des influenceurs, et n'a jamais réussi à s'implanter en Chine. Plus récemment, le groupe dit avoir souffert du chaos de la logistique mondial et de l'inflation.
« La demande des consommateurs pour nos produits reste forte, assure Debra Perelman. Mais notre structure de capital difficile a limité notre capacité à gérer les problèmes macroéconomiques afin de répondre à cette demande. » Les négociations menées sous l'égide d'un tribunal de New York devraient aboutir à la prise de contrôle de Revlon par ses créanciers. « Une fois la dette considérablement réduite », Revlon espère pouvoir « libérer tout le potentiel de (ses) marques mondialement reconnues ».
Le Figaro