France : l'augmentation des prix devrait approcher les 7 %
Attendue à 5,9 % en juin, l'augmentation des prix devrait approcher les 7 % en septembre. Elle resterait ensuite comprise entre 6,5 % et 7 % d'ici à la fin d'année, selon l'Insee.
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La guerre en Ukraine, les difficultés d'approvisionnements en matières premières, matériaux et composants : tous ces chocs amplifient les tensions sur les prix. Loin de refluer, l'inflation en France va au contraire connaître à nouveau un vif sursaut dans les prochains mois, selon l'Insee qui a présenté ce vendredi ses nouvelles prévisions.
Attendue à 5,9 % en juin, l'augmentation des prix devrait approcher les 7 % en septembre. Ce rythme resterait ensuite compris entre 6,5 % et 7 % d'ici à la fin d'année. En moyenne annuelle, elle atteindrait ainsi 5,5 % en 2022. Du jamais vu depuis 1985.
Sous l'effet combiné de l'inflation et des incertitudes géopolitiques, la croissance va s'essouffler mais l'Hexagone devrait éviter le scénario du pire cette année. Comme la Banque de France , l'institut de la statistique estime que le PIB du pays devrait progresser de 2,3 % en 2022.
Hausse de plus de 4 % du revenu disponible
Après une contraction de 0,2 % au premier trimestre, il augmenterait de 0,2 % au cours des trois mois suivants, puis de 0,3 % au troisième et au quatrième trimestre. L'économie française renouerait ainsi avec une croissance proche de son rythme moyen avant la crise du Covid-19, selon l'Insee. Le marché du travail résisterait : 260.00 emplois seraient créés cette année.
Dans ce contexte, le revenu brut disponible des ménages qui avait reculé au premier trimestre devrait se redresser et même accélérer sur la seconde moitié de l'année. In fine, sur 2022, il augmenterait de 4,1 % en euros courants selon l'Insee.
Une hausse forte portée par le dynamisme des salaires, la baisse des prélèvements et les mesures de soutien prévues par l'exécutif dans son « paquet pouvoir d'achat ». Selon l'Insee, l'inflation va avoir un impact sur les salaires : une nouvelle revalorisation automatique du SMIC est probable, en août ou en octobre prochain. Le SMIC a déjà augmenté de près de 6 % depuis octobre 2021. La hausse des prix va aussi jouer sur les renégociations salariales. Pour autant, l'institut ne voit pas s'enclencher la boucle prix-salaire redoutée par les économistes à ce stade.
Par ailleurs, bien que l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale rende aujourd'hui son adoption en l'état incertaine , l'Insee évalue à 1 point l'impact de l'ensemble des mesures annoncées avant les élections législatives (reconduction de la « prime Macron », revalorisation des retraites et des minima sociaux) , faisant de plus l'hypothèse d'une hausse de 3 % du point d'indice des fonctionnaires dès juillet. Le gouvernement doit dévoiler ses arbitrages pour les fonctionnaires ce mardi. S'ajouterait en fin d'année, l'allègement des prélèvements fiscaux et sociaux avec la suppression programmée de la redevance audiovisuelle et la fin de la taxe d'habitation.
L'augmentation des prix entraînerait toutefois un repli du pouvoir d'achat, de 1 point par unité de consommation en 2022 (après une hausse de 2 % en 2021) en dépit d'un net redressement au second semestre. Un recul que les Français n'ont pas connu depuis 2013. Cette année-là, le pouvoir d'achat avait chuté de 1,8 %.
En 2022, les mesures de soutien déjà mises en oeuvre par l'exécutif - bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l'électricité, ristourne à la pompe - amortissent un peu le choc de la hausse des prix. L'inflation en mai aurait été supérieure de 2 points sans cela, selon l'Insee.
Taux d'épargne élevé
Face à ce phénomène, les Français sont toutefois loin d'être logés à la même enseigne. En avril l'inflation était ainsi 1 point plus élevée pour les agriculteurs que pour les cadres. Les plus âgés et ceux vivant en milieu rural sont également davantage touchés que les jeunes ou les habitants de l'agglomération parisienne.
Dans ce contexte, l'Insee estime que la consommation des ménages, qui avait fortement chuté en début d'année, pourrait tout de même se redresser et table sur un rebond de 0,4 % au deuxième trimestre suivi d'une hausse de 0,2 % au cours des deux suivants.
L'Institut fait le pari qu'attentistes, les Français maintiendront un taux d'épargne plus élevé qu'avant l'épidémie de Covid (16,3 %), malgré la flambée des prix. Un aléa dans sa prévision, reconnaissent ses économistes. Qui anticipent aussi une bonne résistance de l'investissement des entreprises. Pour l'heure, l'économie française tient le choc d'une inflation toujours plus forte et c'est une bonne nouvelle, mais la question se pose de savoir jusqu'à quand.