Indonésie : au moins 125 morts après un mouvement de foule en marge d'un match de football
Des supporters en colère ont envahi le terrain samedi soir après la défaite de leur équipe. La police a tiré des gaz lacrymogènes, ce qui a provoqué une grosse panique. De nombreuses victimes ont été piétinées.
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L’Indonésie s’est réveillée dimanche endeuillée par l’une des pires tragédies jamais survenues dans un stade. Selon un nouveau bilan, au moins 125 personnes sont mortes dans un mouvement de foule quand des milliers de fans ont envahi un terrain de football et ont été aspergés de gaz lacrymogène. Le drame, qui s’est déroulé samedi soir dans la ville de Malang, à l’est de l’île de Java, a aussi fait quelque 180 blessés dans cet archipel d’Asie du Sud-Est où les rivalités entre supporters virent souvent à la catastrophe.
Quelque 3000 supporters de l’équipe du Arema FC ont pénétré sur le terrain du stade Kanjuruhan, dans la ville de Malang (est), après la défaite de leur équipe 3 à 2 contre celle de Persebaya Surabaya. C’était la première fois en plus de vingt ans que l’Arema FC perdait face à sa grande rivale. La police, qui a qualifié cet événement d’«émeutes», a tiré des gaz lacrymogènes après la mort de deux policiers. De nombreuses victimes ont été piétinées mortellement. Des survivants ont décrit des spectateurs pris de panique, bloqués par la foule, quand la police a lancé des gaz lacrymogènes.
La police a-t-elle abusé des gaz lacrymogènes?
Des images capturées à l’intérieur du stade montrent une énorme quantité de gaz lacrymogène et des personnes s’agrippant aux barrières, tentant de s’échapper. D’autres portaient des spectateurs blessés, se frayant un chemin à travers le chaos. «Des policiers ont projeté du gaz lacrymogène, et les gens se sont aussitôt précipités pour sortir en se poussant les uns les autres et ça a provoqué beaucoup de victimes», a indiqué Doni, un spectateur de 43 ans. «Il n’y avait rien, pas d’émeutes. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, ils ont soudainement envoyé du gaz lacrymogène», a-t-il déclaré. «Ce qui m’a choqué c’est qu’ils n’ont pas pensé aux femmes et aux enfants?»
Le président indonésien Joko Widodo a ordonné dimanche «une évaluation complète des matches de football et des procédures de sécurité», après cet incident. Il a demandé à l’Association nationale du football de suspendre tous les matches jusqu’à des «améliorations de la sécurité». Le stade pouvait contenir 42’000 personnes et était au complet selon les autorités.
Des rivalités qui virent souvent aux affrontements mortels
Le gouvernement indonésien a présenté ses excuses. «Nous sommes désolés pour cet incident (…) C’est un incident regrettable qui «blesse» notre football à un moment où les supporters peuvent assister à un match dans un stade» après une longue interruption pendant la pandémie de Covid-19, a déclaré le ministre indonésien des Sports et de la Jeunesse Zainudin Amali à la chaîne Kompas.
La violence des supporters est un problème en Indonésie, où les rivalités de longue date se sont transformées en affrontements mortels. Certains matches sont si tendus que les joueurs des équipes de haut niveau doivent s’y rendre sous haute protection. De fait, samedi, les fans de Persebaya Surabaya n’avaient pas été autorités à acheter des billets pour le match, de crainte d’incidents.