Meurtre d'un ex-rugbyman argentin à Paris : le principal suspect, d'extrême droite, arrêté en Hongrie
L'homme, âgé de 27 ans, ancien militaire et membre du mouvement d'extrême-droite GUD, est soupçonné d'avoir tiré sur l'ex-rugbyman Federico Martin Aramburu qui est décédé sur place. Un autre homme, également actif à l'extrême-droite, qui aurait également tiré, est toujours recherché.
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Loïk Le Priol, principal suspect dans la mort samedi 19 mars à Paris de l'ex-rugbyman Federico Martin Aramburu, a été interpellé dans la nuit de mardi à mercredi en Hongrie, a appris Le Figaro du parquet de Paris, confirmant une information de l'AFP. «Un mandat d'arrêt européen est en cours d'exécution», nous précise-t-on. Pour rappel, l'ex-international argentin de 42 ans avait été tué de plusieurs balles après une altercation au bar «Le Mabillon», situé dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés (6e arrondissement).
Loïk Le Priol est soupçonné d'avoir tiré sur l'ex-rugbyman, qui est décédé sur place. Un autre homme, qui aurait également tiré, est toujours recherché. Mardi 22 mars, une jeune femme de 24 ans, suspectée d'avoir conduit une Jeep depuis laquelle les deux hommes auraient tiré sur l'ancien international argentin, a été mise en examen pour «complicité d'assassinat» et placée en détention provisoire.
Un ancien militaire et ex-membre du GUD
Aujourd'hui âgé de 27 ans, Loïk Le Priol a été formé à l'École des mousses de la Marine nationale, à Brest, entre 2010 et 2011. Il a été affecté au commando marine de Montfort au sein duquel il a participé à des opérations extérieures au Mali et à Djibouti entre 2013 et 2015. Il a été rapatrié en France en juillet 2015 sur recommandation des médecins militaires en raison d'un état de stress post-traumatique sévère. Il a ensuite été radié pour des motifs disciplinaires, précise la Marine nationale à l'AFP.
Loïk Le Priol a également été militant au sein du GUD (Groupe union défense), une organisation étudiante d'extrême droite dissoute en 2017. Connue pour ses actions violentes, cette organisation était très active dans certaines universités au cours des années 1970 avant de perdre peu à peu de l'influence.
Un individu réputé violent
Loïk Le Priol est «connu comme un individu à la violence débridée et comme étant particulièrement incontrôlable, y compris avec ses propres camarades», explique à l'AFP le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite. Le mis en cause a été condamné dès l'âge de 19 ans pour des violences, puis à 23 ans, à quatre mois de prison avec sursis pour des violences volontaires en réunion et conduite en état d'ivresse, selon Marianne . Selon nos confrères, il aurait également été mis en cause pour avoir «frappé et étranglé une prostituée» à Djibouti en 2015.
Loïk Le Priol devrait également être jugé en juin 2022 - avec quatre autres individus -, pour des «violences aggravées» sur l'ancien président du GUD, Édouard Klein. L'agression remonte à octobre 2015 : Loïk Le Priol et ses complices avaient violemment tabassé et humilié leur victime, la forçant même à se déshabiller. Une partie de l'agression avait été diffusée par Mediapart . «Lève-toi, porte tes couilles (...) T'es qu'une merde. Tu as une dernière chance de te lever ou alors on te fout à poil», menacent notamment les agresseurs.
Créateur de la marque «Babtou solide»
Le jeune homme s'est également fait remarquer en lançant en 2016 la ligne de vêtements identitaires «Babtou (blanc, NDLR) Solide». Des t-shirts avec le slogan «Babtou Lives Matter» - reprenant le slogan «Black Lives Matter» de la communauté afro-américaine -, sont notamment vendus en ligne.
Sur Facebook, où le mis en cause n'hésite pas à montrer sa musculature et ses tatouages, on le voit notamment en compagnie de Julien Rochedy, ancien directeur national du Front national de la jeunesse (FNJ) entre 2012 et 2014.
«Oui, j'assume, Le Priol était un copain, on ne se voyait presque plus mais nous avions traîné parfois ensemble vers 2012-2014. Nous nous étions déjà éloignés suite à l'affaire E.Klein (l'ancien président du GUD agressé par Loïk Le Priol et quatre autres individus, NDLR)», a réagi Julien Rochedy sur Twitter. «Ceux qui connaissaient Loïk pensaient tous qu'il s'était calmé. Il avait toujours été fêlé, il était suivi par un psy de l'armée, mais la dernière fois que je l'ai croisé à Paris, il avait une copine, des projets, semblait apaisé. On était contents 'qu'il aille mieux'», poursuit Julien Rochedy.
Sur son Facebook, Loïk Le Priol mentionne de manière énigmatique qu'il a étudié à «école du crime Lorient». Contacté, son avocat, Me Xavier Nogueras, nous indique qu'il attend le retour de son client en France avant de s'exprimer.