Trois personnes ont été inculpées en France pour le recel de lingots d’or pillés sur une épave française de 1746, qui avaient ensuite été vendus illégalement aux États-Unis, en Suisse ou au British Museum à Londres, a annoncé mercredi, la justice française.
Jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle
Le 18 mai, trois personnes ont été «mises en examen (inculpées) des chefs de recel de biens culturels provenant d’un vol commis en bande organisée, de blanchiment en bande organisée, d’association de malfaiteurs et d’exportation illégale de biens culturels», a annoncé lors d’une conférence de presse le procureur de la République de Brest (ouest de la France), Camille Miansoni. Les trois personnes, un couple et une femme de nationalité française, ont été placées sous contrôle judiciaire et encourent jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle, a-t-il précisé, ajoutant que l’instruction se poursuivait, car des objets pillés se trouvent encore à l’étranger.
«Des grands établissements culturels de renommée internationale, en particulier le British Museum, ont acquis auprès de personnes appartenant au groupe identifié, et les détenaient encore, des lingots et des objets provenant de l’épave du Prince de Conty», a assuré Camille Miansoni. «Les demandes de restitution transmises, notamment au British Museum, sont restées à ce jour, curieusement et avec regret, infructueuses», a-t-il ajouté. Lors de son placement en garde à vue, le couple a reconnu son implication «dans la récupération des lingots et également leur vente en Suisse et aux États-Unis», tandis que la femme a contesté toute implication, selon Camille Miansoni.
Immergée par 10 à 15 mètres de fond
L’homme inculpé est un ancien plongeur-photographe professionnel déjà suspecté, mais mis hors de cause, dans un procès qui s’était tenu en 1983 dans une affaire de pillage de la même épave, un navire de la Compagnie française des Indes orientales. De retour d’Extrême-Orient, ce voilier avait fait naufrage le 3 décembre 1746, près de Belle-Ile-en-Mer (ouest de la France). Des 229 hommes à bord, seuls 45 survécurent.
Immergée par 10 à 15 mètres de fond, l’épave était tombée dans l’oubli jusqu’à sa découverte en 1974 par un enseignant. Elle avait ensuite été pillée. Cinq lingots provenant de sa cargaison sont réapparus sur le catalogue d’une maison de vente californienne, qui prévoyait de les mettre aux enchères, début 2018. Alertées par les autorités françaises, les autorités américaines les ont saisis et rendus à la France lors d’une cérémonie, début mars, à Washington.
Le Matin