La mère qui a tué son bébé est acquittée
Considérant les troubles de la personnalité avec traits «borderline» de la prévenue, le Tribunal de Nyon estime qu’elle n’est pas responsable de ses actes. La maman s’était endormie ivre sur son nourrisson et l’avait asphyxié.
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Le verdict est tombé ce mardi 19 juillet. La maman dont l’alcoolisme a tué deux de ses bébés est jugée irresponsable. Le Tribunal correctionnel d’arrondissement de La Côte a suivi le réquisitoire du parquet et la plaidoirie de la défense. La voilà exemptée de toute peine. Pour les juges, l’Anglaise de 39 ans doit être reconnue irresponsable de ses actes et traitée. Autrement dit, ils la condamnent à poursuivre ses différents traitements ambulatoires, psychiatriques et addictologiques, déjà en cours.
Tous s’écartent ainsi de l’avis de l’experte psy qui avait retenu une responsabilité légèrement diminuée. Et décrit une patiente souffrant d’un trouble mixte de la personnalité et du comportement avec des traits borderline depuis la fin de son adolescence ou le début de l’âge adulte. C’est ce qui l’aurait poussée vers le «binge drinking» (ndlr. hyperalcoolisation rapide) afin de contenir ses angoisses.
Conditions réunies mais…
La prévenue était accusée d’homicide par négligence et de conduite en état d’incapacité (véhicule automobile, taux d’alcoolémie qualifié), subsidiairement d’actes commis en état d’irresponsabilité fautive. Si toutes les conditions de l’homicide par négligence étaient réunies au dire de la Cour, son irresponsabilité reconnue annule la possibilité d’infliger toute sanction. S’agissant de la conduite en état d’ivresse et sous médicaments (somnifères et benzodiazépines), c’est le bénéfice du doute qui prévaut pour le Tribunal.
Des faits admis
Mardi dernier 12 juillet, cette mère – déjà condamnée à plusieurs reprises dans son pays pour ivresse au volant - était renvoyée devant la justice vaudoise. Elle était prévenue d’infractions graves et de faits gravissimes non contestés (ndlr. excepté l’alcool sur la route avec 1,93 g, admis seulement à l’arrêt): le 22 juillet 2020, son état éthylique était tel que, dans son ancienne maison sur La Côte, elle avait étouffé sa petite de 5 mois en s’affalant sur elle dans le lit conjugal avec 3,16 g d’alcool dans le sang. C’est l’aînée de 6 ans qui avait réussi à dégager sa cadette, malheureusement trop tard.
Maman récidiviste
Au fil de l’audience, les médias (ndlr. le public avait été banni) avaient découvert, estomaqués, que l’effroyable tragédie de l’été 2020 n’était en réalité qu’un «remake de 2018», comme le qualifiera le procureur Jean-Marie Ruede. Un autre nourrisson est décédé dans des circonstances quasi similaires le 12 novembre 2018. L’asphyxie mécanique n’avait pas pu être établie avec certitude. L’affaire avait été tout simplement classée.
Si la maman était jugée à Nyon «uniquement» pour le drame de 2019, le décès d’une première petite fille l’année précédente avait flotté tout au long des débats. Le ministère public avait requis la poursuite des traitements ambulatoires (suivis psychiatriques et addictologiques) aussi longtemps que nécessaire, l’estimant pleinement irresponsable. Avocat de cette mère de quatre filles – dont les deux défuntes –, Me Patrick Sutter avait demandé qu’elle soit libérée de toutes infractions.