Victime d'une amibe "mangeuse de cerveau", un adolescent décède après une baignade dans un lac aux États-Unis
Le jeune homme a perdu la vie des suites d'une méningo-encéphalite amibienne primaire, provoquée par une amibe "mangeuse de cerveau", une bactérie extrêmement rare mais mortelle dans 97% des cas.
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La victime s'était baignée dans le lac Mead. L'amibe se plaît dans les eaux douces et chaudes des rivières et des mares.
Un adolescent qui s'était baigné dans un lac du Nevada (États-Unis) est mort début octobre après avoir contracté une rare infection due à une amibe "mangeuse de cerveau", ont annoncé les autorités locales et plusieurs médias américains.
Selon le Washington Post, le jeune garçon, un mineur dont l'âge précis n'a pas été communiqué, s'est baigné dans le lac Mead fin septembre. Le garçon a développé les premiers symptômes près d'une semaine après sa baignade. Dans la majorité des cas, les personnes infectées meurent cinq jours plus tard.
Un taux de survie très bas
Le département de la Santé du Nevada a confirmé qu'il avait contracté une infection due à l'amibe Naegleria fowleri, qui se plaît dans les eaux douces et chaudes des lacs, des rivières en été ainsi que dans des sources géothermales et des piscines mal entretenues.
Cette amibe pénètre par les narines et remonte jusqu'au cerveau, provoquant de fortes migraines, une hyperthermie, un raidissement de la nuque et des vomissements, avant d'entraîner des vertiges, une léthargie, de la confusion et des hallucinations.
C'est la deuxième victime de l'amibe dans l'État du Nevada, d'après les autorités sanitaires américaines. Selon ces dernières, il est très rare d'y survivre: sur les 154 cas recensés entre 1962 et 2021 aux États-Unis, seules quatre personnes ont guéri.
Fin septembre, un adolescent est décédé après une baignade dans les eaux chaudes du lac Mead, près de Las Vegas, a relaté il y a quelques jours l’agence de presse américaine AP, reprise par The Guardian . La cause de sa mort ? Une amibe « mangeuse de cerveau » qu’il aurait contracté dans l’eau.
Ce n’est pas une première au États-Unis. Déjà en août, un enfant a succombé à une infection liée à cet organisme après s’être baigné dans une rivière au Nebraska. Autre drame dans des circonstances similaires dans un lac de l’Iowa un mois plus tôt.
Qu’est-ce que cette amibe « mangeuse de cerveau » ?
C’est un micro-organisme unicellulaire naturel, c’est-à-dire un être vivant formé d’une cellule unique. « Il prolifère dans les eaux chaudes à une température allant de 25 à 46 °C » a déclaré aux médias Brian Labus, qui enseigne à l’École de santé publique de l’Université du Nevada à Las Vegas, après le décès du jeune garçon.
On la trouve principalement au sud des États-Unis, dans les rivières, lacs et étangs. L’amibe ne peut en revanche pas survivre dans l’eau salée. Dans la communauté scientifique, elle est connue sous le nom de Naegleria fowleri.
Comment l’amibe contamine-t-elle ?
Invisible à l’œil nu, elle pénètre dans le corps humain par les voies nasales, remonte le nerf olfactif et infecte le cerveau. C’est de cette façon qu’elle provoque une infection cérébrale mortelle, la méningo-encéphalite amibienne primaire.
Au vu des « modalités très spécifiques d’exposition (eau chaude, inondation de la fosse nasale à l’occasion de plongeons, par exemple) », l’Agence française nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estimait dans un rapport en 2014, que l’infection par cette bactérie restait « un événement rare ».
Y a-t-il eu des cas en France ?
Un seul cas a été recensé par l’Anses. « En 2008, un garçon de 9 ans est décédé d’une méningite foudroyante après baignade et plongeons dans un bassin alimenté par une source d’eau chaude en Guadeloupe, où la présence de l’amibe « mangeuse de cerveau » a été détectée » peut-on lire sur le site de l’Anses.
Un prélèvement de liquide céphalo-rachidien de l’enfant avait mis en évidence la présence de Naegleria fowleri.
Quels sont les symptômes ?
Fièvres, nausées et maux de tête sont les premiers principaux symptômes connus. Ils apparaissent après un à douze jours d’incubation. La moyenne est de cinq jours ont précisé les autorités sanitaires du Nevada dans un communiqué, il y a quelques jours.
Puis l’état de santé des personnes qui ont contracté l’amibe se dégrade rapidement. Les autorités sanitaires font état de convulsion, raideur de la nuque et hallucinations chez les victimes qui tombent ensuite dans le coma. Après le décès d’un individu en juillet, les autorités sanitaires du Missouri avaient aussi précisé que l’infection n’est pas contagieuse.
Quels sont les risques de décès ?
Le décès est quasiment systématique, puisque seules quatre personnes ont survécu sur 154 cas enregistrés aux États-Unis (majoritairement en Floride et au Texas) entre 1962 et 2021, soit 97 % selon les centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis. Depuis 50 ans, 310 cas ont été recensés dans le monde, et seulement 11 personnes ont survécu, rapportait aussi dans son rapport l’Anses.
Dans The Guardian, Dennis Kyle, professeur de maladies infectieuses et de biologie cellulaire à l’université de Georgie, a tenu toutefois à relativiser : « Cette maladie est mortelle à 97 %, mais elle est évitable à 99 %. Vous pouvez vous protéger en évitant de sauter dans l’eau qui vous monte au nez, ou en utilisant des bouchons de nez. » Et surtout en ne se baignant pas dans des eaux trop chaudes.
Est-ce que le réchauffement climatique favorise le développement cette amibe mortelle ?
Le professeur américain Dennis Kyle convient que les étés chauds, s’ils sont plus fréquents, « auront tendance à générer plus d’amibes dans l’environnement ». Un avis que les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) partagent : « Il est possible que ces infections deviennent plus courantes en raison du changement climatique. L’augmentation de la température de l’air s’accompagne d’une augmentation de la température de l’eau des lacs et des étangs et d’une baisse du niveau de l’eau. Ces conditions offrent un environnement plus favorable à la croissance de l’amibe. Les vagues de chaleur, lorsque les températures de l’air et de l’eau sont plus élevées que d’habitude, peuvent également permettre aux amibes de se développer » peut-on sur leur site.
Cet impact de la crise climatique sur le développement de ces micro-organismes est d’ailleurs déjà visible aux États-Unis. L’amibe, longtemps cantonnée dans les États du sud américains, commence à apparaître dans des régions du Nord et de l’Ouest, jusqu’ici épargnées. « Depuis 2010, des cas ont été confirmés dans des États plus septentrionaux comme le Nebraska, l’Iowa, le Minnesota, l’Indiana, le Maryland et le nord de la Californie, ce qui suggère une expansion des cas vers le nord » précisent les CDC.