Retraites: à Paris, les poubelles s'accumulent et le débat enfle
Une table en terrasse pour profiter du redoux... en face d'une enfilade de poubelles posées à même le trottoir. A Paris, le volume de déchets non ramassés continue de monter, comme le ton entre le gouvernement et la mairie, au huitième jour de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites.
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Face à cette situation, où le manque d'hygiène et les risques sanitaires liés à l'accumulation des déchets, des élus d'opposition et les habitants réclament la mise en place d'un service minimum par la municipalité. Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, a notamment interpellé la maire Anne Hidalgo ce dimanche et demande sa mise en place pour "éviter tout risque sanitaire".
Mais selon l'AFP, service minimum ou prestations, "c'est interdit sur le plan juridique", a répondu le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire pour qui les réquisitions sont "une initiative et compétence légale qui relèvent de l'Etat".
Les maires veulent recourir à des prestataires privés
Plusieurs maires ont également demandé à Anne Hidalgo la possibilité de recourir à des prestataires privés à l'instar de la maire du 9e, Delphine Bürkli (Horizons). "Je demande que le principe de solidarité s'applique entre les arrondissements pour bénéficier des bennes des sociétés privées", explique l'élue.
Elle souhaite "que les plannings de collecte soient réorganisés et orientés pendant 48 heures vers les arrondissements les plus impactés parce qu'ils sont en régie publique". En effet, dans certains arrondissements, la collecte des déchets est assurée par les services municipaux à savoir les 2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e.
Dans les autres, ce sont des entreprises privées qui sont en charge du ramassage des poubelles. Quatre prestataires se partagent le marché des poubelles parisiennes: Derichebourg, Urbapropreté, Pizzorno et Sepur.
Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement (LR), a lui aussi demandé ce mardi à la maire de Paris de leur laisser "la possibilité de recourir à des sociétés privées pour déblayer les rues". Ce n'est pas "casser la grève", précise-t-il sur le plateau de BFMTV.
La municipalité se mure pourtant dans le silence depuis le début de la grève et apporte tout son soutien au mouvement. "Il ne faut pas être surpris. Quand il y a une grève, les gens ne travaillent pas donc inévitablement, cela a des conséquences sur la vie quotidienne. Si on veut s'en sortir, il faut le retrait de cette réforme", explique Ian Brossat (PCF), maire adjoint en charge du logement, à BFMTV.
"Je vous dis mon soutien total et entier à ce mouvement social. Et lorsque cela concerne en plus des catégories de personnel de la fonction publique et du secteur privé, je dis au gouvernement d'essayer de les comprendre", a affirmé Anne Hildalgo ce lundi.
Des proches d'Anne Hidalgo précisent toutefois que ce ne sont pas la majorité des agents de la ville qui sont en grève et que la collecte est impactée car le syndicat CGT Energie bloque les incinérateurs proches de Paris.
Trois usines d'incinération qui gèrent les déchets de la capitale sont, en effet, bloquées: Issy-les-Moulineaux, Ivry-sur-Seine et Saint-Ouen. Ces blocages perturbent autant la collecte des prestataires privés que celle de la régie publique. Résultat, les déchets collectés sont réacheminés vers une quinzaine de sites extérieurs, indique à l'AFP l'agence métropolitaine des déchets ménagers, le Syctom.
La situation n'est pas près de s'améliorer. "Nous sommes très déterminés à continuer le mouvement jusqu'au retrait de ce projet de loi", a expliqué Régis Vieceli, secrétaire général CGT de la filière déchets et assainissement de la ville de Paris. Et "le conflit se durcit" avec le blocage du dépôt de Pizzorno, prévient l'adjointe (PS) à la propreté Colombe Brossel à l'AFP.
Le mouvement est reconduit jusqu'à mercredi où un nouveau vote, pour ou contre le prolongement de grève, doit avoir lieu.