Strasbourg: manifestation des infirmières libérales
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Les infirmiers libéraux se mobilisent en France ce mardi. A Strasbourg, une opération escargot est organisée dans la matinée. Les temps se sont durcis avec l'inflation et la hausse du prix de l'énergie. Ils exigent une revalorisation de leurs actes médicaux et plus de reconnaissance de leur métier.
"En février, ne rien lâcher" : le ton est donné. Le syndicat Convergence infirmière et le collectif des infirmiers libéraux en colère poursuivent leur mobilisation en Alsace et organisent mercredi 13 février une opération escargot. Le convoi partira à 10h. Le convoi devrait quitter l'autoroute au niveau de la Porte blanche, puis emprunter les quais. Un rassemblement est prévu de 12h30 à 16h devant la Caisse Primaire d'Assurance Maladie avant un retour vers Brumath au ralenti.
Les infirmiers libéraux réclament entre autre "une juste reconnaissance" de leur investissement et de leurs compétences, une revalorisation de leurs actes et déplorent les temps encore plus durs en période d'inflation. Des mobilisations sont également organisées à Nice, Bordeaux Marseille et Bayonne.
France Bleu Alsace a passé une matinée avec Luc Keller, infirmier libéral depuis près de 20 ans dans le quartier de la Meinau.
En une matinée, 39 visites
Il faut être un minimum sportif pour suivre Luc Keller lors de sa tournée du matin. Paré d'une veste jaune réfléchissant, d'un casque et short de cycliste, le presque cinquantenaire transporte tout ce dont il a besoin pour ses patients dans des sacoches pour vélo vintage et un sac-à-dos méticuleusement organisés. Il enfourche ensuite son vélo et slalome entre les barres d'immeubles de la Meinau, passant d'une visite à une autre, avec la confiance de celui qui a parcouru ces rues des centaines de fois. Sa matinée doit être millimétrée, et pour cause : il doit s'occuper de pas moins de 39 patients avant de prendre sa pause déjeuner.
Il travaille en moyenne entre douze et treize heures par jour. "Je me suis levé à 5 heures du matin, j'ai commencé ma tournée à 6h. Ma journée c'est beaucoup de visites où on ne traine pas pour pouvoir faire toutes les visites et surtout avoir le temps de prendre une pause déjeuner", raconte-t-il, "je retourne au cabinet dans l'après-midi pour tout ce qui est administratif et je reprends les soins à 16h, jusqu'à 19h30, 20 heures".
L'infirmier libéral confie se sentir "privilégié". Contrairement à ses collègues qui parcourent plusieurs centaines de kilomètres par jour, il a "réussi à restreindre son champ d'action sur un seul quartier" : la Meinau.
"C'est mes patients qui me soigneront"
"Si vous étiez venue plus tôt ce matin, vous auriez vu la réalité des gens", lâche Luc Keller, pensif. "Les cafards, les odeurs, les appartements insalubres. On voit les extrêmes, les appartements très bien tenus comme on voit la pauvreté et l'incurie dans notre quotidien". Il est sollicité par de nombreux patients de tous les âges, et assure s'être occupé "d'un bébé d'une semaine à une patiente de 106 ans". "On a une obligation de connaissance énorme parce qu'on est tout seuls", ajoute-t-il.
La retraite, il l'a calculée, même s'il travaille depuis très jeune, s'il prenait sa retraite à 62 ans, il toucherait "800 euros par mois". "C'est mes patients qui me soigneront", lâche-t-il, amer, alors qu'il change le pansement d'une nonagénaire. "On fêtera vos 100 ans ! Je vous garde jusqu'à ma retraite, à 67 ans !" crie-t-il pour que sa patiente puisse l'entendre, pointant aussi la pénibilité de son métier.
Guy, le fils de la patiente qui s'en occupe au quotidien, est reconnaissant : "c'est impeccable mais c'est un métier pas facile, suffit de le voir pédaler dans le quartier le matin entre deux patients, à toute vitesse...". Une fois la visite terminée, une vingtaine de minutes pour un total net d'environ 4 euros, il faut filer à la prochaine.