Shiloh, morte d'un cancer du sein à 13 ans : ses parents ont déposé plusieurs dizaines de plaintes contre des soignants
Les plaintes de Diane et Modibo Diakité, les parents de Shiloh, décédée en décembre 2021, visent les « médecins, hôpitaux et instituts privés qui sont intervenus ». Ils se battent pour que les ados atteints d’une maladie d’adulte soient pris en charge dans des services spécialisés.
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Après de longues semaines d'errance médicale et de dénégations de la part du corps médical, Shiloh est finalement diagnostiquée en juillet 2021. Un diagnostic trop lent, qui a empêché une prise en charge efficace de son cas.
Une famille en colère et en quête de vérité. Plus de deux ans après la mort de leur fille Shiloh à l'âge de 13 ans en décembre 2021, Diane et Modibo Diakité ont décidé de déposer 41 plaintes afin de comprendre les errances médicales autour du cas de leur enfant, qui s'est vue diagnostiquer un cancer du sein plusieurs mois après l'apparition des premiers symptômes.
Comme l’indique le quotidien Le Parisien, ces plaintes concernent un large panel de professionnels de santé, dont leur médecin traitant, le centre d'imagerie de la femme de Franconville dans le Val-d'Oise, ainsi que plusieurs soignants de l'institut Curie de Paris, du centre médical Europe ou encore du Centre de l’adolescent et de l’enfant, tous trois situés à Paris.
"Ce ne sont pas des erreurs médicales, nous avons été face à des refus de soins. J’irai jusqu’au bout pour ma fille. [...] Il faut une reconnaissance de l’État, il ne faut pas qu’elle ait perdu la vie en vain", déclare Diane, la mère, au quotidien francilien.
Fiasco médical
Durant les quatre premiers mois de la maladie, le mal de l'adolescente est passé sous les radars des spécialistes qui refusaient de considérer que la jeune fille ait pu contracter un cancer à un si jeune âge. Un délai dans la prise en charge non seulement préjudiciable mais à l'origine même de la mort de Shiloh d'après le récit de ses parents à BFMTV.
Le drame commence en réalité en mars 2021, lorsque l'adolescente fait part de ses premières douleurs, concomitantes de l'apparition de boutons sur son sein gauche. Diane l'emmène aussitôt consulter une radiologue. À notre antenne, la maman détaille ce premier rendez-vous.
"Je lui dis: 'Je suis inquiète. Pour moi, il y a tous les symptômes d'un cancer du sein. Elle me répond: 'Madame, le cancer du sein n'existe pas chez les enfants'." D'autant que l'échographie réalisée dans la foulée ne détecte pas de cellule cancéreuse. On se contente donc de prescrire des antibiotiques à la jeune patiente.
Ce n'est qu'en mai de la même année que Shiloh est admise à un hôpital d'Arenteuil, où le corps médical craint de la maltraitance en raison des traces sur le sein de la patiente. Elle sort de l'hôpital neuf jours après y être entrée. Il faut attendre la fin du mois de juillet pour que la tumeur soit établie.
Finalement traitée, l'adolescente participe à sa première séance de chimiothérapie le 18 août, soit cinq mois après la manifestation des symptômes initiaux. Sa maman, Diane, l'assure: "ma fille est morte parce qu'elle avait 12 ans".
Les médecins se défendent
Du côté des médecins, on plaide la bonne foi. Ainsi, selon l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif, dans le Val-de-Marne, on a détecté six cas similaires à celui de Shiloh en 40 ans, et tous concernaient des adultes.
Interrogé en 2022 par Le Parisien, la direction du Centre d'imagerie de la femme de Franconville se défend. "La glande mammaire des jeunes patientes et, encore plus des enfants ou adolescentes, étant très sensible au rayonnement, la mammographie n'est donc pas recommandée par les sociétés savantes avant 30 ans, et quand elle est exceptionnellement indiquée avant, elle doit faire l'objet d'une indication discutée collégialement avec un gynécologue", expliquait-on.
Auprès du quotidien francilien, la mère de Shiloh balaie cette défense. "On est brisés, ça nous torture. Je n’ai pas de haine. On ne demandait pas de savoir si le cancer au sein pouvait exister chez un enfant, on demandait que notre fille soit soignée. Un enfant ne devrait pas mourir du cancer", termine-t-elle.