Diaspora algérienne : "Emmanuel Macron n'a pas obtenu un geste du régime sur les droits humains"
Emmanuel Macron a achevé un déplacement de trois jours en Algérie. Dans une lettre, 13 organisations de la diaspora algérienne en France avaient demandé au président français de "ne pas occulter la dégradation des droits humains" lors de ses rencontres avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune.
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Au terme de sa visite présidentielle en Algérie, Emmanuel Macron assure avoir abordé le sujet des droits humains lors de ses rencontres avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune "avec beaucoup de liberté". Juste avant son départ pour Alger, il avait été interpellé par treize associations de la diaspora algérienne en France. "Monsieur le Président, il est un sujet grave qui ne doit pas être occulté lors de cette visite : celui de l'état actuel des droits humains en Algérie".
Au bout de trois jours en Algérie, avec à la clé la signature d’un partenariat renouvelé entre Alger et Paris, le chef d’État français a dit avoir parlé avec le président algérien de "cas que nous connaissons". Selon Emmanuel Macron, il aurait préconisé "la transparence, les libertés politiques et leur respect" lors de ces échanges.
On a bien dit qu’il y avait 300 jeunes toujours en prison. Nous, on s'attendait à ce qu’il y ait au moins un geste pendant cette visite. Mais non, il n’y a rien eu, a dit Fatiha Benabdelouhab, présidente de Femmes pluri-elles.
“J’aimerais bien avoir des preuves de ce qu’ils se sont dit” Fatiha Benabdelouhab, présidente de Femmes pluri-elles fait partie des signataires de la lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron. Selon elle, la visite du chef d'État français en Algérie a été bénéfique sur plusieurs points. "Pendant ce voyage, on a vu une volonté de réconciliation entre Alger et Paris. La crise était grave", rappelle la militante. Elle fait référence aux vives tensions diplomatiques entre les deux pays notamment en raison de déclarations polémiques sur la mémoire de la colonisation en Algérie et la réduction du nombre de visas décernés par la France aux ressortissants algériens.
Mais en ce qui concerne les droits humains, “on en n’a pas du tout entendu parler”, déplore Fatiha Benabdelouhab. “J’aimerais bien avoir des preuves de ce qu’ils se sont dit, des preuves qu’ils ont eu cette discussion”, insiste la militante engagée pour les droits humains depuis plus de 40 ans. "On a bien dit qu’il y avait 300 jeunes toujours en prison. Nous, on s'attendait à ce qu’il y ait au moins un geste pendant cette visite. Mais non, il n’y a rien eu".
Malgré des libérations ces derniers mois, environ 250 personnes sont encore détenues dans des prisons algériennes pour des délits d'opinion, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Selon Faïza Berber du collectif Debout l’Algérie, également signataire de la lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, le président est “sincère”. “La lettre a fait écho. Le président français Emmanuel Macron a entendu notre appel”. Selon cette militante franco-algérienne, “on a eu une réponse, et la réponse c’est que la France ne va pas faire d’ingérence. Ils ont parlé sans tabou avec beaucoup de libertés et c’est très important pour nous".
"La question des droits humains n’est pas un sujet à aborder publiquement vu la situation entre les deux pays avant le départ de Macron en Algérie", affirme Faïza Berber. Elle le rappelle. Lors de la rédaction de la lettre collective, "on n’a pas demandé des comptes, on a sommé le président de ne pas oublier la situation des droits humains en Algérie.” Une “situation connue de tous". "On sait très bien qu’il y a des détenus d’opinion emprisonnés parce qu’ils ont écrit sur les réseaux sociaux. Ce ne sont pas des opposants virulents, c’est vraiment le peuple lambda qui a exprimé son avis sur la démocratie en Algérie".
Source : TV5MONDE