Didi, Uber chinois, condamné à une lourde amende pour avoir analysé les données de passagers à leur insu
L’entreprise de VTC est condamnée pour avoir analysé les données des passagers à leur insu, dont des photos présentes dans leurs téléphones portables.
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Le régulateur de l’Internet chinois a infligé, jeudi 21 juillet, une amende d’environ 1,2 milliard d’euros au leader local des voitures de transport avec chauffeur (VTC) en Chine, Didi, qu’il accuse notamment d’infractions en matière de sécurité des données personnelles.
L’« Uber chinois », leader de la réservation de voitures avec chauffeur sur le marché chinois, subit ainsi la reprise en main par la Chine du secteur de la tech, commencée depuis près de deux ans. L’Administration chinoise du cyberespace (CAC) explique dans son communiqué avoir des « preuves incontestables » que Didi a violé de façon répétée la loi chinoise, notamment en matière de sécurité sur Internet et de protection des données personnelles.
Le montant de l’amende, établie à 8,03 milliards de yuans (près de 1,2 milliard d’euros), représente plus de 4 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise en 2021. Dans son communiqué, le régulateur reproche, par exemple, à Didi d’avoir stocké illégalement les informations personnelles de plus de 57 millions de chauffeurs dans un format insuffisamment sécurisé.
L’entreprise de VTC est également condamnée pour avoir analysé les données de passagers à leur insu, dont des photos présentes dans leurs téléphones portables. « En dépit du fait que les autorités de régulation ont ordonné des rectifications [des pratiques de Didi], aucune correction générale et approfondie n’a été effectuée », déplore l’Administration chinoise du cyberespace. Elle affirme que les infractions à la loi se sont étalées sur une période de sept ans à partir de juin 2015.
Les entreprises majeures du numérique sont, depuis 2020, dans le viseur des autorités chinoises, qui multiplient les coups contre les puissants groupes de l’Internet pour des questions de concurrence et de données personnelles. Les start-up chinoises ont longtemps été encouragées à se financer grâce à des entrées en Bourse aux Etats-Unis.
En 2014, l’entreprise spécialiste du commerce en ligne Alibaba avait ainsi levé à Wall Street 25 milliards de dollars, signant alors la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps. Mais dans un contexte d’affrontement croissant avec les Etats-Unis, en particulier dans le domaine technologique, la Chine incite désormais ses pépites à chercher des financements sur les places boursières nationales (Hongkong, Shanghaï, Shenzhen ou encore Pékin).
A rebours de bon nombre de ses compatriotes, Didi avait toutefois maintenu, en juin 2021, une levée de fonds à New York. Une obstination qui a provoqué le mécontentement de Pékin, qui craignait notamment un transfert de données sensibles vers le sol américain. Dans la foulée, les autorités chinoises ont déclenché une enquête administrative contre Didi, en lien avec sa collecte de données personnelles.
Le téléchargement de l’application de VTC avait aussi été interdit – une mesure inédite visant un groupe majeur de la tech. Les personnes qui l’avaient déjà sur leur smartphone pouvaient toutefois continuer à l’utiliser. Sous pression, Didi a finalement annoncé, en décembre, son retrait de la Bourse de New York, après seulement cinq mois de cotation.
Cette amende du régulateur annoncée jeudi contre l’entreprise de VTC est toutefois perçue comme un signal positif pour les entreprises du domaine de la tech, une sorte d’épilogue au tour de vis lancé en 2020. Après près de deux ans de durcissement réglementaire, Pékin avait déjà affirmé en avril son soutien à l’économie numérique, suscitant l’espoir d’une réconciliation avec ce secteur.
Plusieurs patrons ont également été reçus par le pouvoir ces dernières semaines, une initiative perçue comme un signe rassurant adressé aux puissantes entreprises du secteur de l’Internet.
News article is edited by: user-1 - 25-07-2022, 04:22