Le Royaume-Uni «reconnaît» des «actes de génocide» contre les Yézidis de la part du groupe État islamique
Dans un communiqué publié ce mardi, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères anglais a reconnu « des actes de génocide » contre les Yézidis de la part de Daech.
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A l’occasion des commémorations organisées neuf ans après les « atrocités » perpétrées par l’organisation terroriste contre la minorité yézidie, le Royaume-Uni a officiellement reconnu, mardi 1er août, que l’organisation Etat islamique (EI) avait commis des « actes de génocide » à l’encontre de la minorité kurdophone en 2014 en Irak.
Prix Nobel de la Paix, la yézidie Nadia Murad a salué un « geste important », exprimant son espoir que « le Royaume-Uni cherche à présent la justice pour les victimes » en poursuivant les combattants nés au Royaume-Uni de cette organisation djihadiste. « Le monde ne peut pas se permettre de laisser des membres de l’EI en liberté », sous peine d’envoyer le message que « l’on peut tuer et violer impunément », a-t-elle ajouté.
« La reconnaissance britannique est une étape importante », a déclaré à l’Agence France-Presse le militant yézidi Murad Ismael, saluant de Bagdad « le travail inlassable de nos amis yézidis au Royaume-Uni qui ont veillé à ce que ce génocide ne soit ni négligé ni oublié ». Il a souligné l’importance de la reconnaissance pour « guérir des blessures profondes du génocide ».
C’est la cinquième fois que le Royaume-Uni évoque officiellement un génocide, après la Shoah, le Rwanda, Srebrenica en Bosnie et des actes commis au Cambodge.
Minorité kurdophone
« La population yézidie a immensément souffert aux mains de [l’EI] », a déclaré dans un communiqué le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères britannique, Tariq Ahmad. « Justice et responsabilité sont essentielles pour ceux dont les vies ont été anéanties », a-t-il ajouté, soulignant que cette reconnaissance « historique » ne « fait que renforcer » l’engagement du Royaume-Uni pour qu’ils « reçoivent les compensations qui leur sont dues et puissent avoir accès à une justice significative ».
La décision du Royaume-Uni suit la condamnation en Allemagne d’un ancien combattant de l’EI. Le 30 novembre 2021, les juges de la Haute Cour régionale de Francfort avaient condamné à perpétuité Taha Al-Jumailly pour « génocide », « crime contre l’humanité ayant entraîné la mort », « crimes de guerre » et « complicité de crimes de guerre ». Il avait été reconnu coupable d’avoir, pendant l’été 2015, à Falloujah, en Irak, laissé mourir de soif une fillette yézidie de 5 ans qu’il avait, ainsi que la mère de celle-ci, réduite en esclavage. La justice allemande a ainsi été la première à reconnaître une telle qualification pour des crimes contre la communauté yézidie. Une décision qualifiée d’« historique » par des organisations de défense des droits humains.
Des centaines de milliers de déplacés
En droit international, le génocide est reconnu depuis 1948 par la convention des Nations unies, qui énumère une série de crimes le constituant, dont le meurtre commis « avec l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
L’EI avait déferlé en août 2014 sur le mont Sinjar, le foyer historique de la minorité yézidie dans le nord de l’Irak. Des milliers d’hommes de cette communauté kurdophone, que les djihadistes considèrent comme « hérétiques » en raison de leur religion ésotérique monothéiste, avaient été massacrés. Les femmes avaient été enlevées et vendues comme « épouses » aux djihadistes ou réduites à l’esclavage sexuel ; les enfants, embrigadé
Le 27 juillet, plusieurs organisations de la société civile yézidie ont, dans un communiqué commun, réclamé au gouvernement irakien 1,5 milliard de dollars (1,37 milliard d’euros) « pour la reconstruction des infrastructures publiques et des logements privés dans le district de Sinjar ». Des années après la mise en déroute de l’EI, la reconstruction piétine. Quelque 200 000 personnes originaires de la région, des yézidis ou des membres d’autres communautés, sont toujours déplacées et ne peuvent pas rentrer.