Dans le vide spatial, sous des pressions phénoménales, à des températures proches du zéro absolu ou à l'inverse très élevées..., les tardigrades, du haut de leur taille d'un millimètre, résistent à tout ! Notamment à un état de déshydratation intense, selon une étude parue récemment dans Plos Biology. Les chercheurs expliquent que les tardigrades entrent dans un état métabolique réversible appelé anhydrobiose : leurs fonctions vitales sont alors presque complètement arrêtées, mais si l'humidité revient alors, tout le métabolisme se remet en marche.
Un processus que l'équipe de biologistes a voulu approfondir : ils ont d'abord utilisé un solvant chimique, le trifluoroéthanol, afin de reproduire des conditions de déshydratation sur des tardigrades. Puis, après de nombreuses manipulations, ils sont parvenus à identifier des protéines entourant les petites créatures, et formant une sorte de gel protecteur autour d'elles.
« On pense que lorsque l'eau quitte une cellule, une sorte de protéine doit aider la cellule à maintenir sa force physique pour éviter de s'effondrer sur elle-même, a déclaré Takekazu Kunieda dans un communiqué, coauteur de l'étude et professeur agrégé à l'Université de Tokyo. Après avoir testé plusieurs types différents, nous avons découvert que les protéines cytoplasmiques abondantes solubles dans la chaleur (Cahs) uniques aux tardigrades, sont responsables de la protection de leurs cellules contre la déshydratation ».
Des enjeux pour la médecine future
Ces protéines identifiées forment comme un cytosquelette composé de filaments semblables à un gel, lorsque la cellule qui les contient se déshydrate. De cette façon, elles la protègent des contraintes mécaniques risquant de la briser. Un processus réversible : lorsque la cellule récupère en eau, les filaments se retirent. Cependant, les protéines Cahs sont propres aux tardigrades bien que, selon l'étude, « des protéines aux propriétés similaires pourraient être présentes dans d'autres organismes tolérants à la dessiccation et contribuer à la résistance au stress ». Un enjeu de taille pour la science, car un tel mécanisme permettrait notamment de mieux conserver certains médicaments.
Futura-Sciences