La Sibérie est touchée par une vague de chaleur exceptionnelle, 35°C au mois de mai
La Sibérie, située au Nord de la Russie, est une des régions les plus glaciales de la Terre. Le froid peut y atteindre -70°C, et dans des nombreuses régions, le sol est un permafrost. Il est gelé en permanence depuis des milliers d’années sur des centaines de mètres et ne dégèle qu’en surface.
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Alors que la crise énergétique actuelle que nous traversons inquiète à l'approche de l'hiver, certaines prévisions météo indiquent des signes d'un début d'hiver possiblement froid et neigeux sur une partie de l'Europe. Comment ? Avec l'étude de la surface enneigée actuellement présente en Sibérie. Comme l'explique l'analyse de Severe Weather Europe, l'étendue des neiges en Sibérie au cours du mois d'octobre influence le comportement du vortex polaire. Bien qu'il existe plusieurs paramètres à prendre en compte dans la prévision à long terme du temps de l'hiver, la neige en Sibérie est l'un des plus déterminants.
La neige en Sibérie déstabilise le vortex polaire
Plus l'étendue de la surface enneigée en Sibérie est grande, plus le vortex polaire est déstabilisé. C'est justement dans ce cas qu'il s'affaisse et concerne alors plus largement l'Europe de l'Ouest et les États-Unis. Les régions polaires commencent à se refroidir sérieusement à l'automne : cela mène à une forte différence de pression entre les régions polaires et les régions subtropicales. Une très large zone de basse pression se forme alors au niveau des pôles : une sorte d'immense cyclone froid, le vortex polaire. Ce vortex polaire, lorsqu'il se « décroche » de sa place habituelle, peut descendre sur l'Europe et les États-Unis et occasionner des vagues de froid sévères. Ce décrochage plus ou moins marqué survient tous les ans en France.
Lorsque le vortex polaire est stable et fort, il reste calé sur les régions polaires et les conditions météo sont soit normales, soit douces, en Europe et aux États-Unis. À l'inverse, lorsque le vortex polaire faiblit, il influence en affaiblissant également le jet stream, ce courant de haute altitude qui sépare les masses d'air froids et chauds. L'air froid n'est alors plus contenu sur les régions polaires et peut alors s'affaisser en Europe et aux USA, donnant lieu à des vagues de froid.
L'étude montre qu'une grande étendue neigeuse en octobre en Sibérie donne généralement lieu à une zone de pressions très élevées sur cette région. Celle-ci envoie alors une grande quantité d'énergie dans la stratosphère au cours des mois qui suivent (novembre et décembre). Cette énergie déstabilise le vortex polaire qui a alors plus tendance à s'affaiblir, et à se décrocher vers l'Europe de l'Ouest (France comprise) et les États-Unis. Il s'agit de ce que les météorologues appellent le réchauffement stratosphérique soudain : la température dans la stratosphère est si élevée qu'elle fait « s'effondrer » le vortex polaire. Ce dernier n'est plus un large cyclone sur les pôles, mais une masse d'air froid éclatée sur l'Europe ou les États-Unis.
Des signes indiquent un début d'hiver plus froid que la normale
Selon Severe Weather Europe, l'étendue de la surface enneigée en Eurasie atteignait 7 millions de km2 au 8 octobre dernier, soit 10 % de plus que la normale à cette époque de l'année. Les prévisions saisonnières du modèle ECMWF montrent pour le moment un décrochage probable du vortex polaire en décembre, entraînant donc un temps plus froid que la normale en Europe de l'Ouest ainsi qu'aux États-Unis.
Il s'agit évidemment de prévisions saisonnières expérimentales qui donnent une indication sur le scénario le plus probable au vu de la surface enneigée actuelle et des autres paramètres météo, mais ces résultats ne constituent pas une certitude et seront à vérifier au cours des prochaines semaines.