Maurice et Katia Krafft, hélas disparus, avaient pour habitude de dire que l'Islande était le « Paradis des volcanologues ». Il faut dire que ces dernières années ont été particulièrement riches en éruptions spectaculaires. Mais comme le montre Jacques-Marie Bardintzeff dans une série de vidéos et sur son blog, mis à sa disposition par Futura, l'Islande garde les traces d'activités volcaniques encore plus spectaculaires.
On peut ainsi rappeler ce qui s'est passé du 8 juin 1783 au 7 février 1784 et qui est connu internationalement dans le monde de la volcanologie comme l'éruption de Laki en référence au mont Laki, une montagne d'origine volcanique qui n'est pas réellement entrée en éruption pendant cette période et qui a vu une fissure de 27 kilomètres de long déchirer le paysage des hautes terres du sud-est de l'Islande. C'est l'une des plus importantes éruptions laviques des temps historiques.
Il en a résulté une rangée de 115 cratères (aujourd'hui connus comme les Lakagígar, littéralement « les cratères du Laki ») qui émirent plus 14 km3 de lave basaltique avec des coulées de soixante kilomètres de long qui recouvrirent une surface de 565 km2 et des fontaines de lave dont on estime qu'elles atteignaient des hauteurs de 800 à 1 400 mètres.
Une éruption, cause de la Révolution française ?
Mais la conséquence la plus grave de cette éruption connue des Islandais sous le nom de Skaftáreldar (« feux de la Skaftá ») et qu'elle s'est accompagnée d'émissions massives de gaz, surtout de l'acide fluorhydrique (8 millions de tonnes) et du dioxyde de soufre (120 millions de tonnes). Ces gaz, en particulier celui à base de fluor, ont d'abord empoisonné les champs, les étangs et les prairies de sorte qu'une importante part du bétail et du poisson qui constituait la base de l'alimentation des Islandais a péri. En conséquence de quoi, environ 25 % de la population islandaise allait mourir à son tour de faim, de malnutrition ou de maladie dans les années qui suivirent.
Les gaz et les cendres furent également emportés par les vents jusqu'en Europe et en haute altitude jusqu'à 15 km. Il en a résulté une baisse des températures et donc des rendements des récoltes dans l'hémisphère nord dont certains se demandent si cela n'a pas été à l'origine de la Révolution française. Ce qui est certain c'est que l'on constate également au moment de l'éruption une augmentation de la mortalité en Europe, notamment au Royaume-Uni.
Elle semble associée à la présence relatée d'un « brouillard sec », dont on pense aujourd'hui qu'il était principalement dû au dioxyde de soufre, causant probablement des décès chez les personnes souffrant de problèmes respiratoires ou cardiaques préexistants.
Futura-Sciencs