Quel est le Secret du poignard extraterrestre de Toutankhamon ?
Une arme blanche à manche en or se terminant par un pommeau en cristal de roche, appartient au célèbre pharaon égyptien Toutankhamon (vers 1347-1327 avant J.-C.), a été découverte en 1925, dans le fabuleux trésor de la sépulture royale de ce souverain de la 18e dynastie. Une nouvelle analyse chimique du poignard à lame de fer a permis de percer encore un peu plus le mystère de son origine extraterrestre.
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Depuis 2016 et les premiers travaux d’une équipe italienne de l’École Polytechnique de Milan, de l’Université de Pise, de Turin et leurs collègues égyptiens du musée du Caire, on savait déjà que les concentrations en nickel et les quantités de cobalt, phosphore, carbone et soufres décelées dans la lame de ce précieux poignard de 34,2 cm de long, étaient typiques de fer d’origine météoritique.
Une météorite principalement constituée d’alliages de fer et de nickel
À la suite d’une série d’examens menés au Musée égyptien du Caire, en février 2020, les chercheurs décrivent ainsi de quelle façon, en utilisant des méthodes non invasives d’imagerie par spectrométrie de fluorescences des rayons X, ils sont parvenus à identifier à la surface de la lame, en la scannant, des structures dites de Widmanstätten.
Ces figures en lamelles, semblables à des hachures, indiquent que le fer est de l’octaédrite. Il provient d’une météorite principalement constituée d’alliages de fer et de nickel, dont les chercheurs ont pu obtenir l’image métallographique. A savoir, la distribution de nickel et de chlore sur les deux faces de la lame, de même que la présence de taches noires. Celles-ci sont des vestiges d’inclusion de troïlite, qui ont permis de préciser la nature de la météorite. "Ces corrosions ont d’autre part permis de connaitre les températures de chauffe", explique Philippe Walter, directeur du Laboratoire d’Archéologie Moléculaire et Structurale (LAMS), une unité mixte de recherche (CNRS et Faculté des Sciences de Sorbonne Université), joint par Sciences et Avenir.
Ce fer météoritique a dû être trouvé dans la nature sous forme de sphère, avant d’être forgé pour le transformer en lame par chauffage et martelage. Mais jusqu’à quelle température savait-on aller à l’époque ? Il est notoire que les anciens Égyptiens savaient fondre depuis longtemps du cuivre et de l’or, et qu’ils étaient donc capables d’atteindre de hautes températures, jusqu’à 1200 °C.
"Les faciès qui ont été observés dans les produits de corrosions et les microstructures ont permis de dire que cette lame avait été forgée à basse température, c’est-à-dire à moins de 950°C, poursuit le spécialiste. Rappelons que nous sommes aux débuts de la métallurgie du fer et que ce nouvel article permet de mieux comprendre comment les forgerons travaillaient en ces temps".
Une maitrise des températures du feu bien connue des potiers et des métallurgistes, puisque pour produire par exemple le célèbre "bleu égyptien" - le premier pigment créé par l’Homme- il fallait déjà atteindre 900 °C. "Pour mettre en forme cette lame parfaite, il a donc été nécessaire de réchauffer le métal de la météorite, puis de le marteler, et recommencer ainsi l’opération autant de fois que nécessaire, explique Philippe Walter. Cette publication est tout à fait intéressante car elle nous éclaire sur les gestes qui ont permis de fabriquer cette dague exceptionnelle", poursuit le scientifique.
Les scientifiques ont également essayé de comprendre comment tous les éléments de décor avaient été "collés" et avec quels types de matériaux. Là aussi, - puisqu’il ne leur était pas possible de faire un prélèvement direct sur un objet d’une telle valeur -, la spectrométrie de fluorescence des rayons X leur a permis d’identifier la présence de calcium, et donc l’usage de chaux, un ingrédient destiné à produire une pâte associée à une matière organique, pour servir d’adhésif.
"Il fallait bien un substrat pour accrocher les décorations sur l’or", rappelle Philippe Walter. C’est ainsi que les incrustations en cornaline, en malachite et en lapis lazuli ont été fixées sur le manche. Trois couleurs classiques présentes sur la plupart des joyaux de Toutankhamon. Trois couleurs pour un poignard tombé du ciel.
Source : Sciences et Avenir