Une super tempête solaire pourrait mettre à mal l'Internet mondial
Qu’arriverait-il si un orage géomagnétique interrompait tout à coup internet? Une scientifique de l’Université de la Californie à Irvine, la Pre Sangeetha Abdu Jyothi, croit qu’une violente tempête solaire pourrait mettre hors ligne de larges pans de la toile pendant des semaines, voire des mois.
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Notre Soleil connait actuellement une période d'activité particulièrement intense. Les éruptions de classe X se succèdent. Ce sont les plus puissantes de la classification établie par les astronomes. Résultat, il y a quelques jours, des aurores boréales ont illuminé le ciel de France. C'est la plus merveilleuse des conséquences de l'activité solaire. Rappelons en effet que notre Terre est en permanence balayée par un vent solaire constitué de particules chargées. La plupart du temps, celles-ci sont bloquées par le champ magnétique qui entoure notre planète. Mais parfois, le vent solaire devient tempête. Les chercheurs parlent alors de tempête géomagnétique. Avec la possibilité pour ce type de tempête de se glisser jusqu'à notre atmosphère en passant par les pôles. Et de donner naissance... à des aurores boréales. Mais aussi, et c'est moins enthousiasmant, de menacer alors nos systèmes de navigation et nos réseaux électriques. Et même nos réseaux de communication.
Des chercheurs de l’université de Californie à Irvine (États-Unis) avancent aujourd'hui que les conséquences d'une telle tempête solaire pourraient être pires qu'attendu. Une météo spatiale défavorable -- une éjection de masse coronale suffisamment importante -- pourrait provoquer un black-out du réseau internet. Une panne qui pourrait durer plusieurs semaines. Voire plusieurs mois.
Par chance, de telles tempêtes solaires sont rares. Du moins, celles qui arrivent à toucher la Terre. Les chercheurs estiment -- dans une étude non encore revue par leurs pairs -- que la probabilité que l'une d'entre elles intervienne se situe entre 1,6 et 12 % par décennie. Dans notre histoire récente, les scientifiques se souviennent surtout de l'une d'entre elles, le fameux événement de Carrington, survenu en 1859. Il avait mis le feu aux fils télégraphiques.
Ne pas se laisser surprendre
Depuis, la dépendance de notre société, à la technologie et notamment à l'internet, n'a cessé d'augmenter. Les gestionnaires du réseau électrique intègrent le risque lié aux tempêtes solaires. Mais peu d'études ont été faites concernant les impacts potentiels que pourrait avoir un tel événement sur le réseau internet mondial. Leur verdict : l'infrastructure n'est pas préparée.
Pour relier les continents, en effet, de longs câbles serpentent au fond des mers. Ils sont équipés de répéteurs, pour amplifier les signaux. Or ceux-ci sont tout particulièrement sensibles aux courants géomagnétiques induits par les particules chargées venant du Soleil. Un seul répéteur en panne et c'est le fonctionnement de tout un câble qui peut être remis en cause. Heureusement, le réseau a été construit pour être résilient. Et emprunter d'autres voies si la plus directe est coupée. Pourtant si suffisamment de répéteurs tombent en panne simultanément, on peut craindre que des continents entiers se retrouvent coupés les uns des autres. Avec des réparations en milieu sous-marin toujours délicates.
Déjà, les chercheurs estiment qu'une interruption de la connexion internet pendant une journée aux États-Unis coûterait plus de 7 milliards de dollars. Alors imaginez un black-out qui pourrait durer des semaines ou des mois... Les chercheurs préviennent que lorsque la prochaine tempête solaire sera détectée au niveau de notre étoile, nous aurons environ 13 heures pour réagir. Mieux vaudrait donc se préparer avant en multipliant les câbles aux basses latitudes -- car les hautes latitudes sont plus exposées et c'est notamment là que se trouvent les câbles qui relient l'Europe et les États-Unis, au-dessus de 40° de latitude nord --, en isolant mieux les câbles sous-marins et en développant des tests de résilience, par exemple. D'autant que les satellites également utilisés pour assurer les connexions pourraient aussi être touchés. Une bonne nouvelle tout de même. Les chercheurs affirment que les connexions locales devraient mieux résister. Les câbles à fibre optique ne sont en effet pas affectés par les courants géomagnétiques.