Guerre en Ukraine : l'accord sur le nucléaire iranien, le chantage de la Russie?
L'accord sur le nucléaire iranien de 2015, connu sous l’acronyme de JCPOA, a été touché par l'invasion russe de l'Ukraine qui a plongé l'Occident et la Russie dans la plus grave crise connue depuis la fin de la guerre froide.
Table of Contents (Show / Hide)
L'accord signé à Vienne en 2015 par l'Iran, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Russie et la Chine prévoyait une levée progressive des sanctions économiques imposées à Téhéran en échange de l'arrêt de l'enrichissement de l'uranium.
Mais l’administration Trump a opté pour un retrait unilatéral de cet accord en 2018 et a imposé de nouvelles sanctions encore plus dures. Cette décision qui a été critiquée par les pays signataires de l'accord a empêché un dénouement positif de ce dossier.
L’élection de Joe Biden à la présidence américaine en 2020 a marqué un tournant car son administration a exprimé sa volonté de revenir à l’accord.
Mais l’invasion russe de l'Ukraine, lancée le 24 février, a renversé la table.
Chantage de la Russie
La Russie a réclamé samedi 5 mars à Washington la garantie que les sanctions la visant à cause de l'Ukraine ne concerneront pas sa coopération avec Téhéran, avant de relancer l'accord sur le nucléaire iranien.
« Nous avons demandé à nos collègues américains des garanties écrites que les sanctions ne toucheront pas à notre droit à une libre et entière coopération commerciale, économique et militaire avec l'Iran », a déclaré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.
« Nous sommes très proches d’un accord », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
Mais « nous sommes préoccupés par les risques que des délais supplémentaires font peser sur la possibilité » de le conclure, a-t-il ajouté en allusion aux nouvelles exigences russes.
"Nous souhaitons que la Russie prenne bien la mesure de ce qui se joue aujourd'hui, c'est-à-dire le retour de l'Iran au respect de ses obligations au titre de JCPoA. Et vous savez que les diplomates évitent de tout mélanger par principe et tendent à traiter chaque dossier selon ses mérites", a-t-on déclaré de source à l’Élysée. "Parce que sinon, en réalité, il ne s'agit que de chantage et non pas de diplomatie."
Des demandes jugées « hors sujet » dimanche par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. « Les sanctions adoptées contre la Russie n’ont rien à voir avec l’accord sur le nucléaire iranien », a-t-il dit.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a formulé cette exigence samedi alors qu'un nouvel accord sur le nucléaire iranien semblait imminent après des mois de discussions souvent difficiles entre l'Iran et les États-Unis. Un tel accord "pose problème" à la Russie, a-t-il reconnu.
Que cherche-t-elle la Russie?
Frappée par des sanctions occidentales après son invasion de l’Ukraine, la Russie vise exclusivement à servir ses intérêts.
Moscou cherche à retarder le retour de l'Iran sur le marché pétrolier et ainsi à alimenter la flambée des cours du brut qui bénéficie à sa propre économie soumise à de lourdes sanctions.
La reprise des exportations de brut serait à l'inverse un soulagement pour l'économie iranienne, exsangue après des années de sanctions réimposées par l'ancien président américain Donald Trump après sa décision de dénoncer l'accord sur le nucléaire de 2015, de son nom officiel Plan d'action globale commun (PAGC, ou JCPoA en anglais).
Elle pourrait aussi soulager les marchés internationaux de l'énergie, soumis à une forte pression inflationniste depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
L’Iran pourrait être une superpuissance énergétique, elle dispose des réserves pétrolières et gazières parmi les plus importantes au monde.
Le retour du pétrole iranien sur les marchés internationaux soulagerait la crise internationale d’approvisionnement, allégeant le fardeau de l’Europe.