Bachar Al Assad à Moscou : la Syrie, plus proche alliée de la Russie au Moyen-Orient
Le président syrien Bachar Al Assad à Moscou a rencontré mercredi 15 mars son homologue russe, Vladimir Poutine et son allié principal dans la guerre civile qui déchire le pays depuis 2011.
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Le président russe Vladimir Poutine s’entretiendra, mercredi 15 mars au Kremlin, avec le dirigeant syrien Bachar Al Assad, a annoncé la présidence russe. La Russie, allié principal de Damas dans la guerre civile qui déchire le pays depuis 2011, apporte un soutien militaire constant et décisif à l’armée syrienne.
Les frappes aériennes russes en Syrie débutent en 2015. Elles permettent de soutenir une armée syrienne en déroute et aboutissent à la reconquête de nombreux territoires sur les rebelles et les djihadistes. D’après Moscou, 63 000 soldats ont été déployés en tout sur le territoire syrien.
Les liens entre les deux pays datent du XIXe siècle, époque à laquelle les Russes ouvrent des écoles en Syrie. Moscou et Damas attendant toutefois 1956 et la crise de Suez pour se rapprocher. La France et le Royaume-Uni interviennent en Égypte pour empêcher la nationalisation du canal, et l’URSS menace Paris et Londres d’intervenir. Ceci « est l’occasion pour l’Union soviétique de se poser durablement en Syrie comme puissance anti-impérialiste et anti-occidentale », explique le géopolitologue Frédéric Pichon à Geo.
L’URSS, barrière face aux impérialismes européens
Avant 1956, l’URSS s’était déjà opposée aux ambitions impériales des puissances européennes dans la région. En 1946, Moscou avait notamment réclamé le départ des troupes britanniques et françaises de Syrie aux Nations unies.
Une nouvelle étape est franchie en 1971, quand le régime syrien autorise la marine soviétique à stationner dans le port syrien de Tartous. Cet accès à la mer Méditerranée, capital pour Moscou, existe encore aujourd’hui, et Vladimir Poutine lui a adjoint plusieurs bases aériennes afin de le renforcer.
Dans les années 1970, le régime d’Hafez Al Assad, père de Bachar, obtient d’importantes livraisons d’armes et l’aide de conseillers militaires pour moderniser son armée. Il signe également à cette époque un traité d’amitié et de coopération pour 20 ans, à Moscou, avec Leonid Brejnev.
L’intervention russe lors de la guerre civile syrienne
En dehors de cette porte d’entrée sur les mers chaudes, la Syrie a l’avantage, pour Moscou, d’être frontalière de plusieurs pays stratégiques : Israël, l’Irak et la Turquie. En outre, la guerre civile a placé la Syrie au centre de la géopolitique mondiale et permis à Vladimir Poutine de réaffirmer le rôle prépondérant de son pays sur la scène internationale.
Dans la province d’Idlib, l’offensive de Damas entame la relation turco-russe
Le soutien capital de la Russie au régime de Damas s’explique aussi par la peur russe de voir un gouvernement pro-occidental diriger le pays, le privant ainsi d’un allié précieux au Moyen-Orient. En plus de son aide militaire, Moscou a soutenu Damas en mettant plusieurs fois son veto au Conseil de sécurité des Nations unies afin de tuer dans l’œuf des résolutions potentiellement préjudiciables à son allié.
Cette proximité a permis aux entreprises russes d’obtenir des contrats lucratifs en Syrie. Plusieurs d’entre elles ont été autorisés à exploiter les champs pétroliers d’al-Thawra, tandis que la société Stroytransgaz a obtenu une concession de 50 ans pour l’extraction de phosphate dans la région de Palmyre.
Le soutien syrien à l’invasion russe de l’Ukraine
Si la Russie n’a pas soutenu massivement la Syrie sur le plan financier, elle a fourni au pays des quantités importantes de blé, rendant Damas dépendant de Moscou à cet égard. Plus récemment, la Syrie a donné des signaux attestant de son soutien à l’invasion russe de l’Ukraine.
Le ministre des affaires étrangères syrien, Faisal Mekdad, a notamment affirmé soutenir la décision de Vladimir Poutine de reconnaître les deux républiques séparatistes du Donbass. Le 23 février dernier, la Syrie a été le seul pays du Moyen-Orient à voter contre la résolution condamnant l’intervention militaire russe en Ukraine.