L'accord a été considérés par les analystes comme un signe d'un "ordre mondial en mutation".

 Lors de pourparlers à Pékin vendredi, l'Arabie saoudite et l'Iran ont convenu de rétablir des relations diplomatiques et de rouvrir leurs ambassades dans un délai de deux mois.

 Dans cet accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite, "le respect de la souveraineté des gouvernements et la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays" est également souligné.

 Le rôle de la Chine en tant que médiateur dans la résolution de problèmes de longue date entre ces ennemis régionaux n'avait pas été rendu public avant l'annonce de cette nouvelle.

Le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite, amorce d’un tournant géopolitique majeur

L'accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite prépare la risque faible et la grande récompense pour la Chine

L'accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite sur fond de médiation chinoise est un signe de l'intérêt accru du pays à jouer un rôle dans la région. Étant donné que les États-Unis n'ont pas de bonnes relations avec l'Iran , la Chine est en bonne position pour servir de médiateur.

Cela prépare la risque faible et la grande récompense pour la Chine, car les Chinois ne sont pas attachés à un résultat particulier.

De meilleures relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran réduiraient la probabilité d'un conflit régional. C'est une bonne chose pour la Chine, les États-Unis et pour les acteurs régionaux", a déclaré à Al Jazeera Robert Mogilnicki, chercheur principal au Persian Gulf State Institute.

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Pourquoi le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie saoudite est-il en faveur de la Chine ?

La Chine avait clairement intérêt à améliorer le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie dans la région, car le golfe Persique est une source d'énergie vitale pour Pékin, et il fournit cette énergie par Téhéran et Riyad", a déclaré à Al Jazeera Sina Toosi, experte au Center for International Policy de Washington.

"En 2019, lorsque les installations pétrolières saoudiennes ont été attaquées par Ansarullah et ont temporairement affecté la production pétrolière du pays, cela a entraîné une augmentation de plus de 14 % du prix mondial du pétrole, qui était considérée comme la plus forte hausse de prix depuis plus d'une décennie.  C'est le pire scénario pour la Chine, que le conflit dans le golfe Persique affectera l'approvisionnement énergétique et les intérêts économiques du pays.", a-t-il ajouté.

Comment la Chine a-t-elle réussi à devenir un médiateur entre l’Arabie saoudite et l’Iran ?

"Les États-Unis suivent une politique qui ne leur permet pas d'être un médiateur crédible pourL'accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Les États-Unis soutiennent toujours l’un des côtés des conflits régionaux, alors que la Chine ne s'est rangée du côté d'aucune des parties au conflit entre Téhéran et Riyad, elle a donc pu jouer le rôle de médiateur", a déclaré à Al Jazeera Trita Parsi, la vice-présidente exécutive du Quincy Institute.

 L'avancée de la Chine intervient alors que les divers médias américains ont rapporté cette semaine qu'Israël et l'Iran se rapprochent de la guerre.

 Bien que la Chine entretienne des liens politiques et économiques importants avec Israël, les États-Unis ont toujours soutenu Israël et l'Arabie saoudite contre l'Iran et n'ont donc pas été en mesure de jouer un rôle de médiateur", a déclaré Toosi.

 "Je pense que c'est un signe plus large de l'évolution de l'ordre mondial et montre comment l'ère des États-Unis en tant que superpuissance mondiale va prendre fin sans aucun défi, en particulier après la guerre froide", a-t-il ajouté Trita Parsi

L’Arabie saoudite et la  Chine

"Pour des pays comme l'Arabie saoudite, les États-Unis étaient le seul partenaire viable au cours des dernières décennies. Ces pays ont maintenant d'autres options. La Chine peut leur apporter un soutien considérable par le biais de relations économiques, politiques et militaires. Le prince héritier saoudien est arrivé à la conclusion que les États-Unis n'ont pas l'intention de soutenir son pays inconditionnellement, il sera donc dans l'intérêt de Riyad de s'entendre avec l'Iran et de coexister" a précisé Sina Toosi.

"Après l'attaque du champ pétrolifère d'Arabie saoudite sous la présidence de Donald Trump, l'ancien président a clairement annoncé qu'il ne s'impliquerait pas dans la guerre au Moyen-Orient. Ensuite, l'administration Biden a montré qu'elle se tiendrait avec ses partenaires régionaux et estimant que cette alliance jouerait un rôle essentiel dans la concurrence de ce pays avec la Chine, il a tenté de corriger cette situation. Cependant, en se rapprochant de Tel-Aviv et de Riyad, les États-Unis se montront davantage comme un acteur impliqué dans les conflits  qu'un médiateur, et la Chine a utilisé cette question à son avantage", a déclaré Trita Parsi.

Dialogue entre Téhéran et Riyad

Les deux pays du golfe Persique ont rompu leurs relations en 2016 lorsque l'Arabie saoudite a exécuté l'un des éminents érudits chiites, par la suite l'attaque de manifestants iraniens contre les représentants diplomatiques saoudiens a alimenté la tension dans les relations entre les deux pays. Néanmoins, l'histoire du conflit géopolitique entre ces deux pays remonte à des décennies.

 Les deux pays ont soutenu les acteurs les uns contre les autres dans de nombreuses zones de conflit au Moyen-Orient et ont en quelque sorte alimenté la confrontation.  Au Yémen, alors que la guerre entre dans sa huitième année, Ansarullah est soutenu par Téhéran tandis que Riyad dirige une coalition militaire en soutien au gouvernement yéménite. Depuis 2021, des négociations entre les représentants des deux pays se sont tenues avec la médiation des autorités irakiennes et omanaises, mais tous les efforts sont restés vains.

Pourtant, les nouvelles conditions augmentent les possibilités de dialogue entre Téhéran et Riyad sur les questions régionales et peuvent aider à résoudre les différends dans le cadre de l’accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

 En fait les relations de l'Iran avec Riyad ont été très bonnes de 1997 à 2006. Il semble y avoir un désir potentiel de revenir à cette époque à l’aide de l’accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite.