Le bilan de la visite d'Emmanuel Macron en Chine
Pour Paris, le bilan de la visite d'Emmanuel reste positif mais enfait les positions restent figées, puisque Pékin ne condamne pas l'intervention russe en Ukraine, refuse de jouer le médiateur auprès de Moscou, et ne s'engage pas formellement à ne pas livrer d'armes.
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Pour Paris, le bilan de la visite d'Emmanuel reste positif. Dans la déclaration commune entre la France et la Chine, publiée ce vendredi soir, le président chinois s’engage à « soutenir tout effort en faveur du retour de la paix en Ukraine ». Mais dans ce document en 51 points ne figure ni la Russie, ni la condamnation de l’invasion russe. Un appel renouvelé à la paix en Ukraine, oui, mais toujours pas de condamnation de la Russie.
À chaque fois que les Européens viennent en Chine, ils font chou blanc sur l'Ukraine et Xi Jinping mouline en boucle les positions de principe de la Chine contenues dans le plan de paix chinois en douze points, murmurent ici les pessimistes.
Et de fait, comme pour Charles Michel, Olaf Scholz ou Pedro Sanchez qui sont venus en pèlerinage à Pékin avant lui, Emmanuel Macron comme Ursula von der Leyen n'ont pas réussi à obtenir d'engagement plus avant de Pékin permettant de ramener « la Russie à la raison », selon les termes du chef de l'État français.
Alicia Herrero, économiste en chef Asie-Pacifique chez Natixis, qui vient d'écrire un article sur le sujet dans Asia Times, commente : « C'est un pèlerinage voué à l'échec, car la raison que les Européens donnent pour justifier leur voyage, c'est l'Ukraine ! Or, tout le monde sait que la Chine n'a aucune envie de changer sa position. Et en se rendant à Pékin, la seule chose qu'on peut obtenir, c'est que la Chine nous dise : "Si vous voulez ça, il faut me donner ça." »
C'est donnant donnant, disent les Chinois. Soit vous ratifiez le traité sur les investissements dont le Parlement européen ne veut pas, soit vous confirmez la souveraineté de la Chine sur Taïwan.
Dans la nouvelle déclaration commune franco-chinoise, publiée ce vendredi soir, à l'alinéa 6, « la France réaffirme son attachement à la politique d'une seule Chine ». Contrairement à la présidente de la Commission européenne qui a mis les pieds dans le plat, Emmanuel Macron affirmait au début de sa visite ne vouloir aborder la question de Taiwan que si la partie chinoise le souhaitait. Finalement, la question est arrivée à l’heure du thé. Lors de leur entretien privé à Canton vendredi, les présidents français et chinois ont parlé « longuement » des tensions dans le détroit « de façon dense et franche ». Selon l’Elysée, Xi Jinping aurait alors dit à Emmanuel Macron de « faire attention au risque d’incompréhension » qui pourrait mener à une « escalade ». Des discussions dans la résidence du gouverneur de la province du Guangdong, alors que les tensions entre Américains et Chinois dans le Pacifique sont encore montées d'un cran. La Chine a déployé jeudi trois navires de guerre et un hélicoptère tueur de sous-marin près de l'île, en représailles à la visite de la présidente taïwanaise aux États-Unis.
Les optimistes notent cependant, pour leur part, que pour la première fois depuis le début de la pandémie, le président chinois a accompagné un de ses hôtes étrangers en province et qu'il accepte de signer avec lui une déclaration commune mentionnant l'Ukraine.
Pour Paris, le bilan de la visite d'Emmanuel Macron reste positif
Un thé et un dîner avec Xi Jinping sur la très chic île de Shamian, à Canton, avant une traversée en bateau de la rivière des perles. Emmanuel Macron s'est offert une jolie carte postale, puis a repris l'avion, après deux jours et demi de visite d'État.
Ses trois heures passées en tête-à-tête avec le dirigeant chinois n'ont pas changé la donne. Les positions restent figées, puisque Pékin ne condamne pas l'intervention russe en Ukraine, refuse de jouer le médiateur auprès de Moscou, et ne s'engage pas formellement à ne pas livrer d'armes.
Côté positif, néanmoins, selon l'Élysée : les deux pays veulent créer les conditions de la désescalade, même si dans le détail, l'entourage du président français a du mal à être plus précis. Seule véritable avancée : ils sont d'accord pour se revoir. Emmanuel Macron sera de retour en Chine l'an prochain, et Xi Jinping viendra en France.