France : un Guinéen tué par un policier, "une bavure" selon des proches
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Entre 800 et 1 000 personnes ont participé samedi 17 juin en Charente, dans le sud-ouest de la France, à une marche en mémoire d'un Guinéen de 19 ans, tué mercredi par un policier qu'il venait de blesser, selon les autorités.
Le cortège, avec une grande photo portrait d'Alhoussein Camara en tête, est passé devant le commissariat, le foyer de jeunes travailleurs où il vivait et le palais de justice, où une minute de silence a été observée. Des pancartes réclamaient « Justice pour Alhoussein », tandis que des manifestants scandaient des slogans comme « Police raciste » et « Police assassins ».
« On continuera tant que justice ne sera pas rendue », a lancé une femme au mégaphone. La marche s'est déroulée sans incident, mais les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les derniers participants. « C'est toute la Guinée qui est affectée par ce drame », a déclaré l'ambassadeur de Guinée en France, Senkoun Sylla, présent à la manifestation.
Le défunt était arrivé en France en 2018, avait décroché un CAP de cuisine et obtenu récemment son permis de conduire. Il travaillait dans une base logistique d'Intermarché, où il se rendait en voiture mercredi avant l'aube quand il a été tué, d'après ses proches. Selon le parquet, Alhoussein Camara a été touché mortellement par un tir de policier en tentant d'échapper à une interpellation à Saint-Yrieix-sur-Charente, dans l'agglomération.
Son véhicule a d'abord été « pris en charge à allure réduite » par une première voiture de police parce qu'il « zigzaguait ». Il a ensuite accéléré tandis qu'une seconde patrouille tentait de l'intercepter, avant de « s'immobiliser » au niveau d'un feu rouge. Selon la même source, les deux véhicules de police, sérigraphiés, se sont alors positionnés pour interpeller le conducteur, qui a enclenché la marche arrière pour repartir ensuite en avant, heurtant aux jambes un policier qui a alors tiré une balle.
Visé par une enquête pour homicide volontaire, ce brigadier de 52 ans souffre d'une « entorse au genou » et s'est vu attribuer 30 jours d'ITT. « Profondément choqué », selon un communiqué du parquet, il a été entendu par les enquêteurs, comme les quatre autres policiers présents lors des faits.
« Tout l'enjeu de ce dossier sera la question de la légitime défense », a souligné la procureure d'Angoulême Stéphanie Aouine, qui a aussi ouvert une enquête pour « refus d'obtempérer et violences avec arme ». Selon des proches, le Guinéen, décrit comme un jeune homme « apprécié de tous » et « agréable », a été victime d'une « bavure ». Sa famille a déposé plainte.