Un nouveau record historique de détenus en France. Le 1er juillet, pas moins de 74.513 personnes étaient incarcérées, selon les chiffres officiels du ministère de la Justice publiés lundi. La France bat ainsi pour la sixième fois en quelques mois son nombre record de détenus, et dépasse pour la première fois la barre des 74.000 prisonniers.
En un mois, 814 détenus supplémentaires ont rempli les prisons françaises, déjà en rupture de places disponibles. Une hausse plus importante que lors des précédents records de mai (+82 détenus) et juin (+537 détenus).
Une surpopulation carcérale à 122,8 %
La surpopulation carcérale chronique, qui avait valu à la France une nouvelle condamnation de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) en juillet, s'est également accentuée. Avec 60.666 places opérationnelles dans les établissements pénitentiaires, la densité carcérale globale s'établit désormais à 122,8 % contre 118,7 % il y a un an.
Dans le projet de loi justice , porté par le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, actuellement examiné au Parlement, l'objectif fixé est d'atteindre les 78.000 places opérationnelles dans les prisons françaises. Adoptée en première lecture au Sénat avec un objectif de 75.000 places, la droite était parvenue à ajouter un amendement, porté par le président des Républicains Eric Ciotti, qui prévoit la création de 3.000 places de prison supplémentaires .
« Inertie coupable » du gouvernement
En attendant, le taux d'occupation atteint 146,3 % dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, et donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines. Enfin, dans huit établissements, comme à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ou à Nîmes (Gard), la densité carcérale dépasse même les 200 %.
En raison de cette surpopulation, près de 2.500 détenus sont contraints de dormir sur un matelas posé à même le sol, soit 600 détenus de plus qu'au 1er juillet 2022.
Les conditions de vie des détenus se sont donc encore dégradées. « Il n'existe pas de prison où il n'est porté atteinte à aucun droit », avait dénoncé Dominique Simonnot, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), en mai dernier. Dans son rapport annuel, elle étrillait « l'inertie coupable » du gouvernement.
Les Echos