La présence du grand rabbin de France auprès de Macron en Algérie suscite de violentes critiques
La présence inédite du responsable religieux juif, Haïm Korsia, le grand rabbin de France, a suscité de nombreuses critiques en Algérie.
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Emmanuel Macron ne se rend pas seul en Algérie ce jeudi 24 août. La visite officielle de trois jours tournée vers la «jeunesse et l'avenir» pour «refonder» les liens entre les deux peuples réunira 90 personnes au sein de la délégation française, notamment sept ministres, des parlementaires, des patrons de grands groupes et des sportifs. Parmi eux également, le grand rabbin de France Haïm Korsia, dont les parents étaient des Français d'Algérie. Mais la présence inédite du responsable religieux juif suscite de nombreuses critiques, notamment dans certains milieux algériens.
Dans un post Facebook publié mardi, Abderrazak Makri, le chef du parti Mouvement de la société pour la paix (MSP), a dénoncé ce «grand rabbin de France qui soutient l'entité sioniste et qui dénie leurs droits aux Palestiniens».
Le leader islamiste a aussi dénoncé plus largement la France, «chef de file de la laïcité et du jacobinisme qui combat tout lien entre religion et politique, mais qui le pratique finalement». Ainsi, «la laïcité en France ne concernerait que l'hostilité contre l'islam à travers les discours de son président», explique-t-il dans son message, traduit par Le Point .
Selon Abderrazak Makri, la venue du grand rabbin de France servirait à exercer une pression sur l'Algérie pour qu'elle normalise ses relations avec Israël, alors qu'Alger rompait en août 2021 ses relations diplomatiques avec le Maroc qui s'est lui-même rapproché de l'État hébreu ces dernières années. «Après le scandale impliquant des joueurs de football pour visiter l'entité [Israël, allusions aux internationaux algériens de l'OGC Nice qui ont disputé à Tel-Aviv un match de la Coupe de l'UEFA, NDLR], voilà encore la France officielle qui ramène le grand rabbin de France, lequel soutient l'entité et dénie leurs droits aux Palestiniens», écrit-il.
Un «torrent d'insultes»
Sur Twitter aussi, Haïm Korsia a été l'objet de nombreuses attaques. Le grand rabbin «n'est pas le bienvenu en Algérie. Les sionistes d'Israël ont envoyé ce rabbin (larbin d'Israël) avec Macron pour salir notre image et faire croire que l'Algérie soutient l'apartheid israélien», lâche un utilisateur. «Ce grand radin va fouler mon sol ancestral alors qu'il interdit aux Palestiniens de fouler leur sol ancestral. Heureusement pour lui que les Algériens ne savent pas qui il est», fulmine un autre. Pour d'autres, la critique est symétriquement inversée : «l'Algérie est un des pays les plus antisémites et antisionistes du monde. Je trouve ça honteux qu'il aille serrer la main du président algérien qui est un ennemi du peuple juif !».
Le grand rabbin de France, qui remplit actuellement son deuxième mandat, a quant à lui confié à France 24 : «c'est beau que les Juifs d'Algérie visitent leur patrie d'origine». Face à cette vague de critiques, certaines figures politiques lui ont tout leur soutien. Dans un tweet, Caroline Yadan, députée LREM, dénonce une «banalisation de l'antisémitisme», et un «torrent d'insultes antisémites (...) insupportable», en adressant son «entier soutien au grand rabbin». Benjamin Haddad, lui, se «réjouit que le président de la République ait invité le grand rabbin Haïm Korsia en Algérie. Un geste historique qui rend hommage à la longue histoire des Juifs en Afrique du Nord». Le député LREM accuse ces commentaires «d'une inculture absolue».
La visite d'Emmanuel Macron s'inscrit dans une volonté plus large de normaliser les relations entre les deux pays depuis son élection en 2017. Déjà en tant que candidat, il avait qualifié la colonisation de «crime contre l'humanité» et a multiplié les gestes mémoriels depuis. L'Algérie reproche quant à elle à Paris que le président n'ait pas exprimé de «repentance» pour les 132 ans de colonisation française.