Depuis plus de deux semaines désormais, plusieurs centaines de détenus à Bahreïn ont entamé un mouvement de grève de la faim. Le pays compte une prison principale, celle de Jau. Et désormais, ce sont près de 800 détenus qui ont cessé de s'alimenter pour réclamer de meilleures conditions de détention. Et dans ce pays autoritaire, ils ont obtenu le soutien d'une partie de la population.
Début août, 400 prisonniers de l'établissement de Jau étaient en grève de la faim. Ils sont désormais près de 800, car jour après jour, le mouvement gagne de l'ampleur. Les détenus de la prison protestent contre l'enfermement 23 heures par jour dans leurs cellules et contre l'absence de soins médicaux. Des demandes qui ne sont pas récentes.
Les prisonniers ont déjà protesté contre leurs conditions de détention. Mais vendredi 18 août, ces revendications ont été relayées dans la rue par leurs familles et leurs proches. Un fait notable dans un pays autoritaire, souligne Sayed Ahmed Al Wadaei, directeur de l'Institut de Bahreïn pour les droits et la démocratie, une organisation de défense des droits de l'homme basée à Londres.
« Cette grève de la faim ne se déroule pas uniquement derrière des barreaux. Elle a gagné la rue. Nous avons vu des centaines de personnes manifester pour la libération des prisonniers politiques. C'est une scène rare, à Bahreïn, après plus d'une décennie d'une forte répression. »
Selon Sayed Ahmed Al Wadaei, il s'agit du plus grand mouvement de protestation de prisonniers à Bahreïn. Mais le militant en exil craint que l'ampleur n'entraîne une radicalisation des autorités : « Certaines grèves de la faim ont eu un succès limité. Des personnes ont pu avoir accès à des traitements médicaux essentiels, par exemple. Mais je pense que les autorités considèrent cette fois-ci, en raison de l'ampleur du mouvement, que si elles ''capitulent'' face à ses demandes, pour reprendre leurs mots, elles pourraient inciter à de nouvelles grèves à l'avenir. »
L'Institut de Bahreïn pour les droits et la démocratie appelle à une pression internationale pour obtenir des concessions du gouvernement bahreïnien en faveur des détenus.
RFI