« Tout cela va compliquer et ralentir le processus de normalisation entre Riyad et Israël » illustré par la première visite officielle en Arabie saoudite de ministres israéliens ces derniers jours, estime David Khalfa, analyste de la Fondation Jean-Jaurès.
« Sans l'enterrer pour autant », précise-t-il toutefois, car il semble de l'intérêt supérieur de Riyad et Jérusalem de continuer sur cette voie. Par sa position de gardien des lieux saints et de leader idéologique du monde musulman sunnite, Riyad est obligé de prendre en compte la sensibilité du monde arabe à la cause palestinienne et sera attentif à la riposte israélienne.
Cette dernière constitue, toutefois, un dilemme pour une société israélienne humiliée par l'étonnante faillite de ses services de renseignements et de défense, à l'abri d'un mur de fer passoire. Le Hamas n'étant plus la menace « gérable et épisodique » que l'on croyait, Jérusalem devra à tout prix essayer de détruire son appareil militaire. « Mais un pilonnage aérien risque de ne pas suffire et pourrait tuer les otages, question très sensible en Israël », estime Héloïse Fayet, spécialiste de la région à l'Institut français des relations internationales. Qui ajoute qu'Israël devra faire attention à toute contagion en Cisjordanie et dans les villes arabes de son territoire.
L'échec de Washington
Le séisme va toutefois obliger plusieurs acteurs importants à réévaluer leur stratégie. Il touchera peu la Russie, qui n'a pas condamné l'action du Hamas mais espère convaincre son partenaire israélien qu'il n'était au courant de rien. La stratégie américaine dans la région, elle, est clairement en échec. « Washington se désengage beaucoup du Proche-Orient pour se consacrer à l'Indo-Pacifique face à la Chine. C'est raté », estime Héloïse Fayet.
Les Echos