Le dossier palestinien est une constante. Il arrive qu’il soit oublié pendant des années, voire refermé, comme ce fut le cas avec les traités de paix et de normalisation successifs signés par Israël et les pays arabes. Mais un rien suffit à le rouvrir.
Les générations ayant vécu dans leur chair les guerres avec Israël commencent aujourd’hui à disparaître, et avec elle le savoir intime qu’une guerre avec Israël est toujours une cause perdue. À leur place émergent de nouvelles générations qui n’ont connu la Palestine que comme une éternelle et criante injustice, un amer héritage laissé par leurs aînés.
En lançant ses attaques le 7 octobre, le Hamas avait pour objectif de rompre le statu quo, en Israël et à l’étranger. Et par cette œuvre de déstabilisation, il était attendu que la réaction des Arabes à l’inévitable riposte israélienne – avec une colère capable soit d’aiguillonner, soit de réfréner leurs gouvernements – joue un grand rôle.
Contre Israël et leurs alliés
comme l’on pouvait s’y attendre, c’est dans les pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël – Égypte (1979), Jordanie (1994), et signataires des accords d’Abraham [Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan et Maroc] (2020) – que cet effet est le plus marqué.
En Jordanie, des affrontements ont opposé la police à des manifestants qui tentaient de pénétrer dans l’ambassade d’Israël à Amman. À Beyrouth [capitale du Liban], manifestants et forces de l’ordre se sont affrontés aussi, cette fois devant l’ambassade des États-Unis. Vendredi 20 octobre, comme le vendredi précédent, des Égyptiens sont descendus dans la rue pour dénoncer la stratégie israélienne qui vise de facto à chasser les Palestiniens pour les envoyer en Égypte.
Au Maroc, ils étaient des milliers rassemblés derrière le slogan “Le peuple demande la criminalisation de la normalisation”. Israël a fermé son bureau de liaison à Rabat, et rapatrié son personnel. À Bahreïn, des manifestants en route vers l’ambassade d’Israël ont été dispersés par la police. Au Soudan, si le pays n’était pas lui-même en proie à la guerre, des mobilisations comme celles qui sont survenues en 2020 en réaction à la normalisation des relations avec Israël auraient certainement eu lieu.
Des centaines de personnes ont participé jeudi à la manifestation organisée sur la place Kwame Nkrumah à Accra, où elles ont scandé des slogans tels que « Palestine libre ».
Les manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et ghanéens et des banderoles avec des phrases telles que « Non à la guerre », « Nous sommes aux côtés des Palestiniens » et « Justice pour la Palestine ».
Dans une déclaration à Anadolu, l'ancien parlementaire Ras Moubarak, qui a participé à la manifestation, a déclaré qu'« Israël a commis des crimes contre l'humanité en Palestine ».
Il a affirmé que le peuple ghanéen se tient aux côtés du peuple palestinien opprimé, exigeant la fin immédiate des attaques israéliennes à son encontre.