Israël confronté au dilemme des otages
Le mouvement islamiste palestinien a menacé lundi soir d’exécuter les otages israéliens en réaction aux frappes de Tsahal, qui se multiplient à Gaza après l’attaque du Hamas contre Israël. Dans le même temps, la possibilité d’un échange de prisonniers divise le pays, note la presse internationale.
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Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer, ce mardi 19 décembre, sur un nouveau texte appelant à « une cessation urgente et durable des hostilités » dans la bande de Gaza, le gouvernement israélien fait aussi face à une pression croissante sur la scène intérieure pour négocier la libération des otages. Après deux mois et demi de guerre, Benyamin Netanyahu insiste toujours sur la nécessité des opérations militaires, mais se retrouve contraint à négocier.
Quelques dizaines d’Israéliens étaient rassemblés, lundi 18 décembre, devant le siège du ministère de la Défense et quartier général de l’armée à Tel-Aviv. Depuis les attaques du Hamas le 7 octobre en Israël, les familles d'otages et de personnes disparues multiplient les mobilisations pour demander au gouvernement de travailler au retour de leurs proches. Elles se sont installées sur une place à Tel-Aviv, organisent des manifestations tous les samedis soir, des marches et des rassemblements devant les lieux de pouvoir. Leur mot d’ordre est : « Ramenez-les à la maison maintenant ».
Au total, 250 personnes, des militaires et des civils, avaient été capturées par le mouvement islamiste palestinien. Selon les autorités israéliennes, 129 seraient toujours retenues dans la bande de Gaza. Les visages de ces otages s’affichent partout en Israël : sur les panneaux publicitaires, les ponts, le long des routes mais leurs proches veulent encore augmenter la pression sur le gouvernement.
Pression pour un accord
Après que l'armée a annoncé, le 15 décembre, avoir tué par erreur trois otages israéliens dans la bande de Gaza, les proches des otages ont établi un camp devant l'entrée principale du ministère de la Défense. « Nous demandons à tout le monde de venir ici aussi vite que possible », déclarait, ce lundi, Nadav Rudaeff dans une vidéo diffusée par le forum des familles d’otages et de personnes disparues. « Nous avons besoin de vous tous et de votre soutien. Nous allons faire beaucoup de bruit, demander et exiger du cabinet de guerre qu'il présente l'accord qui sera conclu pour libérer tous les otages. Nous voulons l'entendre de leur bouche et de personne d'autre », poursuivait-il, lui dont le père est otage dans la bande de Gaza.
Ce lundi soir, les protestataires ont reçu la visite de Gadi Eisenkot. Une marque de soutien de la part d’un ancien chef d’état-major et membre du cabinet de guerre, mais aussi d’un père endeuillé : le fils de Gadi Eisenkot a été tué en service à Gaza le 7 décembre. Pour l’heure, les familles d’otages n’ont toutefois pas entendu la présentation du plan de libération de leurs proches qu’elles attendent.
Ces derniers jours, le gouvernement israélien a infléchi sa position. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a confirmé, le 16 décembre, avoir donné pour instruction au chef du Mossad – l’agence de renseignement extérieur – de reprendre les négociations avec le médiateur qatarien. Une rencontre a eu lieu ce lundi à Varsovie, en Pologne. Et selon l'agence Axios, c’était la deuxième en quelques jours après une première vendredi soir.
Depuis la fin de la première trêve, le 1er décembre, le négociateur israélien et le médiateur qatarien ne s’étaient pas revus. Pourtant, selon Axios, le gouvernement israélien avait été approché par le Qatar une semaine plus tôt. Mais le cabinet de guerre israélien avait alors rejeté la proposition.
Dans le discours du gouvernement israélien, l'option militaire est souvent privilégiée. Benyamin Netanyahu assure que la pression exercée sur le Hamas permet de contraindre le mouvement islamiste à négocier. « L'instruction que je donne à l'équipe de négociation repose sur cette pression, sans laquelle nous n'avons rien », a-t-il encore affirmé samedi. Le Premier ministre israélien est constant dans cette position, défendant les opérations militaires menées dans la bande de Gaza.
Un point de vue contesté par le Premier ministre qatarien, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, qui avait jugé que le lancement de l’offensive terrestre israélienne dans la bande de Gaza avait, au contraire, retardé les négociations alors en cours avec le Hamas. Et l'impact de cette pression militaire est difficile à évaluer : après plus de soixante-dix jours de guerre, le Hamas reste capable de combattre les troupes israéliennes au sol, mais aussi de tirer des roquettes vers Israël.
Ces opérations militaires sont également fortement critiquées par les familles des otages. Il y a deux semaines, une réunion du gouvernement avec des familles d'otages et d'anciens captifs avaient été très agitée. Plusieurs des ex-otages ont évoqué leur peur des bombardements israéliens durant leur captivité. Lors de cette réunion, l’une d’entre elles avait accusé le gouvernement de n’avoir aucune information sur la localisation des otages : « Vous prétendez qu'il y a des renseignements, mais la réalité est que nous étions bombardés », l’entend-on dire dans un enregistrement audio de cette réunion.
Pour l'heure, l'armée israélienne n'a en tout cas été en mesure de ne libérer qu'une seule otage au cours de ses opérations : 105 autres l'ont été par la négociation.