Les médias russes ne cessent de vanter la force nucléaire du Kremlin. Sur la chaîne de télévision publique Rossiya 1, où la présentatrice Olga Skabeïeva défend avec force «l'opération spéciale» lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, certains esprits échauffés fantasment ouvertement le déclenchement de l'arme absolue. Un invité de l'émission de débat politique 60 minutes - la plus regardée de Russie - a commenté jeudi dernier avec enthousiasme la possibilité d'utiliser contre l'Europe les nouveaux missiles Sarmat depuis l'enclave de Kaliningrad.
À l'écran, sur la base d'une infographie montrant trois capitales européennes, on peut voir le temps qu'il faudrait à ce missile nucléaire pour les atteindre. «Berlin: 106 secondes, Paris: 200 secondes, Londres: 202 secondes» : l'animatrice énumère les temps de vol théorique avant impact. L'invité, visiblement excité à cette perspective, déclare : «Regardez cette image, comptez les secondes ... coucou, il (le missile) est déjà là.» «Un missile Sarmat et c'est réglé, il n'y a plus d'îles britanniques», ajoute-t-il très sérieusement.
Le 20 avril, l'armée russe a annoncé le premier tir d'essai réussi du missile balistique intercontinental Sarmat. «C'est véritablement une arme unique qui va renforcer le potentiel militaire de nos forces armées, qui assurera la sécurité de la Russie face aux menaces extérieures et qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer notre pays avec une rhétorique déchaînée et agressive», a déclaré Vladimir Poutine.
Ces discours sont martelés quotidiennement sur les chaînes publiques. Il semble que la télévision russe prépare l'opinion publique à l'idée d'une Troisième Guerre mondiale imminente