NOPEC : la loi anti-OPEP ou le retour du projet du Grand Moyen-Orient ?
Il semble que les Américains rêvent encore de former un « nouveau Moyen-Orient » car ils essaient de mettre en œuvre ce projet désormais sous la forme de « NOPEC », ciblant cette fois l'Irak dans la région.
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Qu'est-ce que c'est NOPEC ?
Depuis plus de 20 ans, les Etats-Unis cherchent à affaiblir le contrôle de l’OPEP sur le marché pétrolier. Différents projets de lois élaborés dans ce sens ont déjà échoué au Congrès.
Proposé pour la première fois en 2000, le projet de loi NOPEC (Dénommé No Oil Producing or Exporting Cartels), en opposition à OPEP, réapparaît depuis par intermittence au Congrès américain malgré l'opposition de la Chambre américaine de commerce et de la fédération du secteur pétrolier API.
Il n'a toutefois jamais été adopté. Les présidents républicain George W. Bush et démocrate Barack Obama ont toujours averti qu'ils y mettraient leur veto.
Le projet de loi, qui vise à protéger les consommateurs et les entreprises américains contre les flambées artificielles des prix de l’énergie, verrait l’alliance ouverte à des poursuites antitrust pour avoir orchestré des coupures d’approvisionnement qui augmentent les prix mondiaux du brut.
Un nouveau projet de loi
Neuf mois après la demande du président Biden à l’OPEP+ d’augmenter la production de pétrole afin de diminuer le prix des carburants à la pompe aux Etats-Unis, une demande à laquelle l’Arabie saoudite a opposé, le Sénat américain examine un projet de loi qui exposerait, s’il est adopté, les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs partenaires à des poursuites judiciaires pour « complot en vue de faire monter les prix du brut ».
Puis le Comité judiciaire du Sénat américain approuve par 17 voix contre 4 le projet de loi sur l’interdiction des cartels de production et d’exportation de pétrole (NOPEC), marquant une avancée significative dans la proposition vieille de plusieurs décennies.
Pour entrer en vigueur, il doit maintenant être adopté par l’ensemble du Sénat et de la Chambre, avant d’être promulgué par le président.
De toute façon l'OPEP, et son chef de file l'Arabie saoudite, sont directement visés.
Remplacer le pétrole irakien par du pétrole saoudien ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont priés par les puissances occidentales et les États-Unis d’augmenter leur production de pétrole. Mais cette demande a été refusée par ces deux pays dont leurs relations avec Washington se sont détériorées ces derniers mois.
C'est pourquoi certains pensent que NOPEC peut retirer l'Arabie saoudite du marché pétrolier américain et le remplacer par l'Irak en guise de punition pour l'Arabie saoudite qui a désobéi à Washington.
Les experts estiment que, compte tenu de l'économie irakienne basée sur le pétrole, les États-Unis ont découvert qu'ils pouvaient mieux utiliser le pétrole irakien dans leurs politiques que l'Arabie saoudite, pour contrôler les prix mondiaux du pétrole.
Les rapports montrent également que l'Irak a pu dépasser l'Arabie saoudite dans les exportations de pétrole vers les États-Unis, alors qu'auparavant, les exportations de pétrole irakien vers les États-Unis ne représentaient que 6 % des importations américaines de pétrole.
Par conséquent, certaines factions irakiennes pensent que NOPEC peut aider l'économie irakienne qui est au bord de l'effondrement.
Les effets destructeurs de NOPEC sur le Moyen-Orient
Selon les experts, bien que l'Irak ait des dizaines de milliards de dollars d'actifs et 24 milliards de dollars d'actifs financiers aux États-Unis, ses revenus pétroliers sont dominés par la Réserve fédérale américaine, donc avant d'aller au Trésor et à la banque centrale d'Irak, les Américains en profitent.
Pour un pays comme l'Irak, qui souffre d'une économie mono-produit fragile, la loi est vu comme un prétexte pour accélérer la mise en œuvre de projets tels que le " Nouveau Moyen-Orient " et " Normalisation des relations avec Israël " par des pressions économiques plus sévères.
Mais l'application de ces pressions n'inclura cette fois pas seulement l'Irak, mais tous les pays de la région.
Edward Wilson