Un an après son arrivée au pouvoir en Israël, qui a mis fin à douze ans de Benjamin Netanyahou, l’improbable coalition du Premier ministre Naftali Bennett, qui va de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par un parti islamiste, vacille. En avril 2022, la défection d’une députée de Yamina, le propre parti d’extrême droite de Bennett, lui avait fait perdre sa courte majorité à la Knesset ; en mai, c’est une députée Meretz (extrême gauche) qui a claqué la porte avant de revenir…
Sans sa majorité au Parlement, le gouvernement frôle la paralysie, incapable de faire adopter de nouveaux textes. Cette semaine, la situation a carrément tourné au tragi-comique. Le Parlement n’a pu adopter un texte, renouvelé quasi automatiquement tous les cinq ans depuis 1967, qui étend l’État de droit israélien à quelque 500 000 ressortissants implantés en Cisjordanie occupée. Et si ce n’est pas fait avant le 1er juillet 2022, les colons israéliens relèveront alors des juridictions militaires, en vigueur depuis cinquante-cinq ans dans les territoires contrôlés par Israël, où vivent 300 000 des 2,8 millions de Palestiniens de Cisjordanie.
Quatre élections législatives en moins de deux ans
Furieux à la perspective d’avoir affaire à un système connu pour son opacité, ses détentions abusives et ses manquements aux normes de droit internationales, le chef du conseil des colonies, David Elhayani, a ironisé : C’est peut-être le moment d’établir un état indépendant de Jurée-Samarie, l’appellation biblique de la Cisjordanie par les colons.
Le plus absurde est que le rejet du texte a été acquis faute de majorité gouvernementale mais aussi grâce au vote de l’opposition emmenée par Netanyahou, farouche partisan comme Bennett de la colonisation… Les tractations politiciennes autour du dossier ont repris, sous l’œil épuisé de l’électorat, qui ne veut pas revivre la période de 2019-2021, avec quatre élections législatives en moins de deux ans.
Un retour aux urnes n’est pour l’instant pas d’actualité. Face à un Netanyahou donné favori, le refus d’élections anticipées est le dernier ciment de la coalition de la carpe et du lapin, dont les députés sont unis par la peur de perdre leurs sièges.
Ouest-France