La Banque d’Angleterre hausse son taux directeur, au plus haut depuis 2008
La Banque d'Angleterre annonce une hausse de 0,5 point de ses taux directeur et prévoit un deuxième trimestre consécutif de contraction du PIB.
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La Banque d'Angleterre a annoncé jeudi une augmentation de 0,50 point de pourcentage de son taux directeur, une hausse marquée mais moindre que celle attendue par certains analystes alors que l'économie britannique va selon elle se contracter entre juillet et septembre pour le deuxième trimestre consécutif.
Le comité de politique monétaire (MPC) était partagé: sur neuf membres, "cinq ont voté pour une hausse de 0,50 point" à 2,25%, explique la BoE dans un communiqué, estimant en outre que l'inflation britannique va connaître un pic en octobre d'un peu moins de 11%, contre 13% prévus jusqu'à présent.
Ce mercredi, la banque centrale américaine (Fed) a annoncé mercredi une cinquième hausse d'affilée de ses taux directeurs, les relevant à nouveau de trois quarts de point de pourcentage pour les situer entre 3% et 3,25%, et prévoit de poursuivre ce mouvement face à l'inflation qui reste très élevée.
Une hausse générale des taux
Si la BoE avait débuté ses hausses de taux fin 2021, plus tôt que la plupart des autres grandes banques centrales, elle agit en septembre moins vite que la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed), qui ont annoncé des resserrements de 0,75 point.
La division du MPC au Royaume-Uni reflète les hésitations des banquiers centraux à travers le monde, qui peinent à lutter contre l'inflation, provoquée notamment par la flambée des cours de l'énergie depuis le début de la guerre en Ukraine, mais craignent aussi de plomber l'économie mondiale à la peine avec leurs tours de vis monétaires.
Dans les dernières 24 heures, outre la Fed, la Banque centrale suisse a relevé ses taux de 0,75 point, tandis que la Banque de Norvège s'est contentée comme la BoE d'une hausse de 0,5 point.
L'institut monétaire japonais a quant à lui maintenu sa politique monétaire ultra-souple, même si le gouvernement a annoncé intervenir sur le marché des changes pour soutenir le yen.
Incertitude politique
Au Royaume-Uni, l'incertitude est particulièrement élevée en raison des annonces budgétaires attendues vendredi du nouveau gouvernement de la Première ministre conservatrice Liz Truss, retardées par les funérailles d'Elizabeth II.
La révision à la baisse par la Banque d'Angleterre du pic de l'inflation est due au projet de gel du prix de l'énergie envisagé dans le cadre de ce "mini-budget".
"Une fois que ces annonces auront été faites, et en préparation de sa réunion de novembre, le Comité étudiera l'effet sur la demande et sur l'inflation de ces mesures", assure la BoE.
Pour l'instant, après le pic d'octobre, "la hausse des prix de l'énergie devrait maintenir l'inflation au dessus de 10% pour les mois à venir" avant de reculer, anticipe la BoE.
Récession britannique
Les membres du MPC qui étaient en faveur d'une hausse plus marquée et auraient voulu voir la BoE emboîter le pas de la Fed et de la Banque nationale suisse avec un relèvement de 0,75 point admettent que le plafond sur le prix de l'énergie va tempérer à court terme l'inflation et aider les ménages, mais il risque de nourrir la demande et les dépenses des consommateurs et donc la hausse des prix à plus long terme.
"Monter les taux plus vite maintenant aiderait à ramener l'inflation vers son objectif à moyen terme, et réduirait le risque d'un cycle plus long et plus coûteux" de relèvements ultérieurs, défendent-ils selon les minutes de leur réunion de mercredi, dont la décision a été annoncée jeudi.
Mais monter les taux pèse également sur l'économie britannique, alors que la BoE laisse entendre que le Royaume-Uni est déjà entré en récession: "le personnel de la Banque s'attend désormais à une contraction de 0,1% du PIB au troisième trimestre, un second trimestre consécutif de baisse". Soit la définition généralement admise d'une récession technique.
En remontant ses taux alors que le gouvernement tente de relancer l'économie, la BoE pourrait aggraver son différend avec l'exécutif.
Durant sa campagne pour la succession de Boris Johnson, Liz Truss a vivement critiqué la BoE, lui reprochant de ne pas avoir agi assez vite et promettant de revoir son statut.
La livre a peu réagi à l'annonce de la BoE: vers 11H15 GMT (14H15 à Paris), après une brève baisse, elle restait en hausse par rapport au billet vert, gagnant 0,33% à 1,1317 dollar et effaçait cependant ses gains face à l'euro (+0,04% à 87,25 pence pour un euro).