Stabilité », « croissance » et « services publics » : tels étaient les mots d’ordre du ministre des finances britannique, Jeremy Hunt, qui a dévoilé, jeudi 17 novembre, un budget d’austérité pour redresser les finances du Royaume-Uni. Celui-ci prévoit 55 milliards de livres de hausses d’impôts et de coupes dans la dépense publique, bien que le pays soit déjà entré en récession.
« C’est un plan de stabilité équilibré », « j’ai essayé d’être juste en demandant à ceux qui ont plus de contribuer plus », a fait valoir M. Hunt, au ton sobre, devant le Parlement. « Le Royaume-Uni, comme d’autres pays, est maintenant en récession » selon l’OBR, l’organisme public de prévisions budgétaires, a fait valoir le ministre, et son produit intérieur brut va encore baisser de 1,4 % en 2023. Jeremy Hunt a dévoilé « trois priorités : la stabilité, la croissance et les services publics ». La stabilité, après les turbulences financières du précédent gouvernement, vient en haut de la liste, et avec elle la lutte contre l’inflation, « qui touche davantage les plus pauvres ».
D’après lui, l’OBR a « confirmé que des facteurs mondiaux sont la principale cause de l’inflation, la plupart des pays faisant encore face aux retombées » de la pandémie de Covid-19, aggravées par « la crise énergétique générée par [l’invasion de l’Ukraine par] la Russie ».
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Rassurer les marchés après le « mini-budget » de Liz Truss
En énumérant l’ensemble de mesures de « consolidation » budgétaire de 55 milliards de livres au total, il a mentionné l’abaissement du seuil le plus élevé de l’impôt sur le revenu et un relèvement de la taxe sur les revenus exceptionnels des géants pétroliers et énergétiques, dopés par la flambée du marché énergétique.
Le nouveau ministre des finances avait la lourde tâche de rassurer les marchés échaudés par les annonces budgétaires massives et mal préparées de la précédente première ministre, Liz Truss, qui ont fait tanguer les marchés britanniques et s’envoler le coût de la dette du pays.
Le ministre a pris grand soin de s’appuyer sur des chiffres de l’OBR, dont l’absence lors du désastreux « mini-budget » du gouvernement précédent avait contribué à causer la panique sur les marchés. M. Hunt a déjà effacé l’essentiel des mesures qui avaient alors été annoncées par l’éphémère Liz Truss, qui voulait procéder à des aides massives à l’énergie et à des baisses d’impôts tous azimuts.
Une récession qui pourrait durer deux ans
Ces annonces surviennent alors que l’économie s’est déjà contractée de 0,2 % du produit intérieur brut au troisième trimestre. La récession qui commence pourrait durer jusqu’à deux ans selon la Banque d’Angleterre, même si, pour cette année, l’OBR pronostique une croissance de 4,2 En dehors du Covid-19 et de la guerre en Ukraine, le Royaume-Uni souffre de l’impact du Brexit, qui plombe le commerce avec son grand voisin européen et entrave l’embauche de travailleurs du continent, ce qui contribue à l’inflation et à la perte de productivité.
Londres va augmenter sa taxe exceptionnelle sur les profits des géants énergétiques de 25 % à 35 %, et la prolongera de trois ans, jusqu’en 2028. M. Hunt a aussi annoncé « une nouvelle taxe temporaire de 45 % sur les producteurs d’électricité ».