Réforme de l'assurance-chômage : la durée d'indemnisation va baisser de 25% au 1er février pour les nouveaux chômeurs
Paris - Le gouvernement dévoile lundi aux partenaires sociaux ses décisions sur sa nouvelle réforme de l'assurance chômage qui devrait faire varier la durée d'indemnisation en fonction du taux de chômage, selon des sources syndicales et patronales.
Table of Contents (Show / Hide)
Le gouvernement dévoile lundi aux partenaires sociaux ses décisions sur sa nouvelle réforme de l'assurance-chômage qui devrait faire varier la durée d'indemnisation en fonction du taux de chômage, selon des sources syndicales et patronales. Lors d'une réunion au ministère du Travail dans la matinée, Olivier Dussopt fera connaître aux organisations patronales et syndicales « les arbitrages retenus » après une concertation commencée en octobre.
Le leitmotiv de l'exécutif est que l'assurance-chômage soit « plus stricte quand trop d'emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé », une idée soutenue par le Medef et la CPME, mais à laquelle s'opposent tous les syndicats. Le gouvernement a exclu de toucher au niveau de l'indemnisation et a renoncé à une variation des règles en fonction de la situation locale de l'emploi, trop complexe à mettre en œuvre. « Nous n'allons pas moins indemniser, nous allons travailler sur la durée d'indemnisation », en conservant « un plancher », a confirmé M. Dussopt dimanche.
Une durée d'indemnisation variable
Les conditions d'accès à l'indemnisation, soit le fait d'avoir travaillé six mois sur une période de référence de 24 mois, ne seront pas non plus modifiées. Le gouvernement « ne diminuera pas le nombre de personnes éligibles à l'ouverture de droits à l'assurance-chômage », a assuré le ministre. En revanche, selon des négociateurs syndicaux et patronaux, le ministre annoncera qu'au-delà d'un plancher de 6 mois, la durée d'indemnisation variera en fonction du taux de chômage pour les demandeurs d'emploi ouvrant des droits à partir du 1er février 2023. Les premiers impacts sont donc attendus à partir du 1er août. Aujourd'hui, la durée d'indemnisation est appliquée selon le principe un jour travaillé, un jour indemnisé, avec un maximum de 24 mois pour les moins de 53 ans, 30 mois pour les 53-54 ans et 36 mois pour les 55 ans ou plus.
Lorsque la situation du marché du travail sera considérée comme bonne, la durée d'indemnisation sera minorée d'un coefficient qui sera annoncé lundi.
Si le coefficient retenu est de 0,8 par exemple, cela voudrait dire qu'un demandeur d'emploi qui aurait droit à dix mois d'allocation dans le système actuel n'aura plus droit qu'à 8 mois. Les intermittents du spectacle ou l'outre-mer ne seront pas concernés. « Après avoir raboté le montant de l'indemnisation (des personnes alternant chômage et emploi) lors de la réforme de 2019, maintenant, ils réduisent la durée », critique Marylise Léon (CFDT).
«Pipeau »
Le critère d'appréciation de la situation du marché du travail devrait être l'évolution du taux de chômage au sens du BIT. La manière de l'apprécier – seuil, dynamique – sera précisée lundi, mais elle devrait permettre d'appliquer la réforme si le chômage reste comme depuis le début de l'année autour de 7,3-7,4 %. L'exécutif martèle qu'il y a urgence face aux difficultés de recrutement des entreprises, et fait de cette réforme une première pierre de sa stratégie pour atteindre le plein-emploi en 2027, soit un taux de chômage d'environ 5 %. Le gouvernement met en avant des études selon lesquelles les chômeurs intensifieraient leur recherche d'emploi dans les mois précédant la fin de leur indemnisation, et donc qu'en réduisant cette durée, les gens sortiraient plus tôt du chômage. « Pipeau », répond Éric Courpotin (CFTC). « Ce n'est pas en réduisant la durée qu'on trouvera de la main-d'œuvre. Il aurait fallu travailler sur les frais liés au travail : déplacement, garde d'enfants, logement… » « Le but est de faire des économies », renchérit Michel Beaugas (FO).
Le gouvernement prendra ensuite un décret. Cela a été rendu possible par le projet de loi « marché du travail », adopté jeudi par le Parlement, qui donne la main au gouvernement pour décider des règles jusqu'à fin 2023 à la place des partenaires sociaux. Mais le ministre a déjà assuré que cette modulation serait présente dans la « lettre de cadrage » qui sera transmise aux partenaires sociaux courant 2023 afin de négocier de nouvelles règles pour le 1er janvier 2024. Le gouvernement souhaite aussi que patronat et syndicats, qui gèrent l'Unédic, planchent début 2023 sur une nouvelle gouvernance du régime. Mais ceux-ci souhaitent que gouvernance et indemnisation soient négociées en même temps et ne veulent pas officialiser la présence de l'État dans la gestion de l'assurance chômage.