Les ambitions chinoises sur Pirelli inquiètent les Italiens. Le géant des pneumatiques, fleuron industriel transalpin, est passé en 2015 sous pavillon chinois, ce qui avait suscité l'émoi à Rome. Le nouveau cadre proposé par ses actionnaires rajoute de l'huile sur le feu. C'est la future gouvernance de Pirelli qui est en jeu.
Le nouveau pacte d'actionnaires entre les conglomérats chinois et italiens prévoit l'impossibilité pour un représentant de la partie italienne d'occuper des postes décisionnaires au sein de Pirelli à partir de 2026. Une ligne rouge pour le gouvernement de Giorgia Meloni qui a annoncé qu'il allait exercer son golden power pour contrer cette emprise de la Chine sur ce fleuron industriel. Il s'agit d'un veto que l'exécutif italien peut opposer aux actionnaires, pour protéger les actifs stratégiques de l'entreprise dans l'intérêt national du pays.
Dans sa déclaration, le gouvernement a cité l'importance des données des véhicules compilées par des cybercapteurs implantés dans les pneus Pirelli. Leur utilisation abusive pourrait entraîner des risques considérables, selon le gouvernement italien, non seulement pour la confidentialité des données des utilisateurs, mais aussi pour l’éventuel transfert d’informations relatives à la sécurité. Il estime que la technologie des pneus de Pirelli « émerge comme une technologie critique d'importance stratégique nationale ».
Le conglomérat Sinochem avait acheté Pirelli en 2015 dans le cadre d'un accord de 7,1 milliards d'euros.
L'Italie fait donc machine arrière vis-à-vis de la Chine, après s'être montrée très perméable aux incursions de Pékin dans son économie. Quatre cents entreprises chinoises détiennent à l'heure actuelle des participations dans près de 800 sociétés italiennes dans des secteurs très rentables ou stratégiques.
RFI