Les économies d'Europe de l'Est face au choc de la guerre en Ukraine
Les anciens membres du pacte de Varsovie se sont détournés de la Russie pour lui préférer l'Union européenne. Leur économie est beaucoup plus dépendante à l'Allemagne. A court terme, le problème reste l'inflation.
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Globalement et contre toute attente, l’économie des Vingt-Sept a plutôt bien résisté à cette année de guerre. Le spectre de la récession s’éloigne de jour en jour à l’ouest du continent. Mais ce n’est pas vrai pour tous les États membres. Les adhérents les plus récents, les trois États baltes ainsi que les pays d’Europe centrale ont été durement affectés par la crise énergétique et par l’inflation qui l'accompagne. Leur économie traditionnellement dynamique depuis le début des années 2000, avec des taux de croissance moyen compris entre 4 et 6% devrait marquer le pas cette année. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), créée pour financer le développement des États issus de l’ex-bloc soviétique, s’attend à une grosse panne. La croissance moyenne de cette région devrait chuter de 4% en 2022 à 0,6% cette année.
L’inflation pénalise la région
Elle est en moyenne de 15% avec un pic à 25% en janvier pour la Hongrie. Un pays qui est entré en récession au quatrième trimestre de 2022, après la République tchèque. La Lettonie est la prochaine sur la liste. Dans tous ces pays, la hausse des prix de l’énergie a érodé la compétitivité de l’industrie. La hausse des taux d'intérêt décidée pour enrayer l'inflation a aussi augmenté les coûts d'emprunt des entreprises. En République tchèque, le pays le plus avancé de la région, les sous-traitants de l’industrie automobile qui travaillent souvent pour des marques allemandes se préparent à réduire la production, à cause de la hausse de l'énergie mais aussi de la transition verte.
La Pologne en revanche résiste plutôt bien avec une croissance atone à 1% annoncée pour cette année. C’est bien inférieur aux prouesses des années 2000 mais cela reste soutenable. D’ailleurs, en Pologne comme chez le voisin tchèque, le marché du travail reste porteur. La Pologne accueille sur son sol un million de réfugiés ukrainiens, essentiellement des femmes et des enfants et elle compte sur cette main d’œuvre dans les services à la personne.
Les investissements étrangers en forte baisse dans la plupart des pays d’Europe de l’Est
La proximité de l’Ukraine et de la Russie, avec qui plusieurs de ces pays ont une frontière commune, a douché l’enthousiasme des investisseurs. Or l’investissement étranger était jusqu’alors une composante essentielle de la croissance de ces émergents. La Berd ne croit pas à une reprise rapide de ces investissements. Même si la main d’œuvre demeure bon marché, et la situation géographique au cœur de l'Europe plutôt favorable, pas facile de convaincre les financiers de dépenser leur argent dans une usine qui pourrait être une cible en cas d’extension du conflit. Construire à portée des canons russes est un risque que peu d'investisseurs sont prêts à prendre. Seule la Roumanie fait exception et continue d'attirer les capitaux étrangers.
La guerre, bien partie pour durer, pourrait-elle enrayer la croissance de la région ?
Les pays cités sont tous membres de l’Union européenne et bénéficient de la manne de Bruxelles pour assurer leur développement, et entre autre la transition énergétique. Même si les fonds peuvent parfois être bloqués pour des raisons politiques, la Pologne et la Hongrie en ont fait l’expérience, ils vont à terme continuer d’attirer les investisseurs.