COP28 : les États-Unis annoncent leur plan contre les émissions de méthane de l'industrie pétrolière et gazière
Le gouvernement américain a annoncé une série de mesures visant à réduire les émissions de méthane du secteur. Il espère récupérer 50 millions de dollars par an. Le méthane est un puissant gaz à effet de serre que l’industrie des combustibles fossiles laisse trop souvent échapper.
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Le gouvernement américain a annoncé une série de mesures visant à réduire les émissions de méthane du secteur. Il espère ainsi récupérer 50 millions de dollars par an. Le méthane est un puissant gaz à effet de serre que l'industrie des énergies fossiles laisse trop souvent s'échapper.
En 2016, les États-Unis avaient imposé aux compagnies du secteur de capturer le méthane qui s'échappait de leurs puits ou de leurs pipelines. Une mesure abandonnée sous Donald Trump avant queJoe Biden mette en place il y a quelques mois une taxe sur les émissions de méthane du secteur. Ce mercredi, son gouvernement a ajouté à cela un impôt spécifique sur les fuites de gaz qui ne seraient pas évitées, sur des terrains fédéraux ou appartenant aux peuples amérindiens. L'État espère ainsi récupérer 50 millions de dollars par an. Des mesures plutôt symboliques, tant le pays continue d'augmenter sa production de gaz et de pétrole, et avec cela ses émissions de méthane.
Quand et comment le méthane s'échappe-t-il ?
Après l'agriculture (notamment l'élevage et la riziculture), l'extraction des énergies fossiles est l'activité humaine qui émet le plus de méthane. Chaque forage libère du gaz et donc du méthane, qui n'est pas toujours récupéré par les entreprises. « Si l'une exploite uniquement du pétrole, elle ne va pas forcément investir pour capturer et transporter le gaz qui s'échappe de ses puits », explique Ludovic Leroy, ingénieur spécialisé dans l'industrie pétrogazière et formateur pour IFP Training. Des pipelines peuvent aussi présenter des fuites.
De plus, certains puits qui ne sont plus rentables sont abandonnés. S'ils ne sont pas rebouchés, du gaz continue de s'en échapper pendant des années. « Lorsque de vieux puits de pétrole sont laissés longtemps à l'abandon, à ciel ouvert, les canalisations sont souvent corrodées et il ne suffit pas alors de reboucher le puits », explique Ludovic Leroy. Si un puit est rebouché sans réparer les canalisations qui vont avec, « il peut y avoir des fuites vers l'aquifère », poursuit-il.
Enfin, du méthane peut aussi être libéré dans l'atmosphère lors de réparations ou pendant le transport par bateau de GNL (gaz naturel liquéfié). « Si [éradiquer les fuites de méthane] n'est pas imposé par la loi, en général les entreprises ne s'y attellent pas », car « les prix actuels du gaz sont trop faibles pour inciter les entreprises à faire les réparations » de pipelines présentant des fuites, ou les inciter à récupérer le gaz plutôt qu'à avoir recours au torchage (brûler le gaz inutilisé), estime encore Ludovic Leroy.
Réduire les fuites de méthane, une action rapide contre le réchauffement
D'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), à l'échelle mondiale, les investissements nécessaires pour éradiquer les fuites de méthane couteraient seulement l'équivalent de 5% des profits enregistrés par l'industrie des énergies fossiles l'an dernier. Et cela aurait des effets rapides et concrets pour limiter le réchauffement de la planète, car le méthane est un gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le CO2 sur 20 ans, mais il reste beaucoup moins longtemps dans l'atmosphère.
Les États-Unis ont quasiment doublé leur production de pétrole et de gaz depuis 2010 et continuent d'autoriser de nouveaux forages. Pourtant, l’Agence internationale de l’énergie est claire : aucune nouvelle exploitation de pétrole ou de gaz ne doit être mise en service si l'on veut espérer maintenir le réchauffement climatique en dessous de la barre des 1,5°C.