Vladimir Potanine, l’oligarque du nickel qui échappe à toutes les sanctions: pourquoi, et qui est-il?
Riche, proche de Poutine, actif dans les métaux : Vladimir Potanine semble le candidat parfait pour les sanctions occidentales. Et pourtant, aucune n’a encore été prise à son encontre. Business Insider a dressé le portrait de l’homme d’affaires de 61 ans.
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Contrairement à d’autres grandes fortunes, comme Roman Abramovitch, Mikhaïl Friedman ou encore Oleg Deripaska, Vladimir Potanine échappe aux sanctions prises par la plupart des pays occidentaux depuis l’invasion russe de l’Ukraine.
Il a pourtant construit sa fortune en même temps qu’eux, à l’ombre de l’État russe. C'est dès les années 1990 que Vladimir Potanine, à l'époque fonctionnaire d'un État au bord de la faillite, se lance dans le secteur privé naissant. L’heure est à aux privatisations massives des monopoles publics afin de renflouer les caisses. Il profite d'une opération controversée, le bradage de gros fleurons publics de l’industrie pour s'emparer de la société Norilsk Nickel. Le groupe fera très vite sa fortune. Ce membre de la « nomenklatura », dont le père est diplomate et la mère médecin, utilise ses relais politiques pour y parvenir.
Avec l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, il n’est plus question que les oligarques aient l’initiative. Ils seront désormais au service du Kremlin et devront se tenir éloignés de la politique. Sinon, ils seront envoyés en prison, comme Mikhail Khodorkovsky, l’ancien patron du géant pétrolier Lukoil.
Alors que les premières sanctions s’abattent sur la Russie après l’invasion de la Crimée ukrainienne, les oligarques ne réagissent pas.
« Je n’ai pas le souvenir d’un moindre mot concernant l’Ukraine, lors de nos discussions », se remémore Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2016 et aujourd'hui directeur de recherche à l'Iris.
« On parlait plutôt business. Mais on n’a pas tellement parlé politique. On parlait de la France, un pays qu’il apprécie assez », complète l’ancien diplomate. Peut-être plus que tout autre oligarque, Vladimir Potanine connaît les nouvelles règles du jeu. Il se plie aux volontés présidentielles. Ce francophone (langue apprise sur les bancs de la fac soviétique, ndlr) habitué des stations de ski et de la côte basque en France, participe à grands frais à l'organisation des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi voulue par Vladimir Poutine. L’homme d’affaires y investit une partie de sa fortune personnelle, estimée aujourd’hui à 30 milliards de dollars.
en quelque sorte à la fortune des oligarques et de l’État russe », reconnaît Jean de Gliniasty.
Si le prix de la transaction est resté secret, elle se traduira par une perte nette d’environ 3,2 milliards d’euros dans le compte de résultat de la Société générale. Mais la banque peut espérer trouver un interlocuteur de choix en la personne de Vladimir Potanine, si d’aventure elle revenait sur le marché russe. « Potanine est destiné à rester un interlocuteur de poids dans les relations économiques, à supposer qu’il y en ait dans le futur, entre la France et la Russie », estime l’ancien diplomate.
Loyal au Kremlin, la deuxième fortune de Russie sait aussi ce que son pays doit aux investisseurs étrangers. Dans une rare prise de parole sur le réseau social Telegram en mars dernier, sans nommer Poutine, Vladimir Potanine a prévenu contre la tentation de confisquer les actifs des groupes occidentaux. Au même moment, on apprenait qu'il démissionnait de ses fonctions d'administrateur du musée Guggenheim de New York. L’institution venait de condamner l’invasion russe de l’Ukraine.