C’est une annonce surprise, écrit notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience, qui risque de fragiliser encore un peu plus la reprise économique en Argentine : après deux ans et demi à la tête du ministère de l’Économie, Martín Guzmán a présenté sa démission, samedi 2 juillet.
Refinancement de la dette argentine
Bras droit du président de centre-gauche Alberto Fernandez, ce disciple du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz avait mené les négociations avec le FMI sur le refinancement de la dette argentine de 45 milliards de dollars.
L’accord conclu en mars dernier avec l’organisme financier lui avait valu les critiques de l’aile gauche de la coalition gouvernementale, incarnée par la vice-présidente Cristina Kirchner.
Sa démission intervient alors que la coalition au pouvoir se déchire ouvertement depuis plusieurs semaines sur la réponse à apporter à la dégradation de la situation sociale en Argentine. L’Argentine sort en effet de trois ans de récession, et fait face à un fort taux de pauvreté, environ 37%. Le plus important fournisseur mondial de soja, de maïs et de blé est aussi touché par une forte inflation, 60% cette année et un important déficit public. Cette situation est exacerbée par la hausse des prix des matières premières à l’échelle mondiale, due à la pandémie et à la guerre en Ukraine.
Le FMI intervient pour la treizième fois
C’est la treizième fois que le FMI vient au secours du pays, depuis son retour à la démocratie en 1983. En mars, le Fonds monétaire international a approuvé un prêt total d’environ 45 milliards de dollars, le plus important de son histoire. Cette aide à été négociée en 2018 sous le gouvernement du libéral Mauricio Macri. Le remboursement de ce prêt ne commencera qu’en 2026, après une période de grâce donc, et s’étalera jusqu'en 2034. En échange, le pays a dû adopter des mesures macro-économiques drastiques : baisse des dépenses, réduction de nombreuses subventions, dans l'énergie notamment, qui pèsent lourdement sur les Argentins les plus fragiles.
Dans une longue lettre publiée sur son compte Twitter, Martín Guzmán défend son bilan à la tête du ministère de l’Économie, et estime qu’il est « primordial » que son remplaçant puisse « travailler dans le cadre d'un accord politique au sein de la coalition gouvernementale ».
RFI