L’économie russe sera durement affectée, prévient le FMI
Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international, le choc économique pour la Russie sera "très important".
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Le secteur de l'énergie est pour le moment exclu des sanctions occidentales. La hausse des prix du gaz et du pétrole, épine dorsale de l'économie de la Russie, lui est favorable. Pourtant, selon le FMI, ses exportations vont souffrir à l'avenir. À partir de l'année prochaine, une baisse du volume et des prix de ces exportations vont réduire les excédents.
D'ores et déjà, l'Allemagne et de nombreux pays de l'Union européenne ont commencé à réduire leurs importations d'énergie. Près de 60 à 70% de la demande russe actuelle de pétrole et de gaz naturel pourraient ainsi disparaître au cours des prochaines années, poursuivent les auteurs du rapport. La Russie sera obligée de diversifier ses exportations vers d'autres régions du monde.
Un PIB contracté de 8,5%
Selon le FMI, Moscou doit se préparer à voir son PIB se contracter de 8,5% et l'inflation pourrait dépasser les 20% cette année.
Pour l'heure, « les exportations d'énergie en 2022 devraient atteindre 350 milliards de dollars américains, en hausse de 40% par rapport à l'année dernière en raison de la hausse des prix », selon les données publiées dans le rapport vendredi. « À partir de l'année prochaine, cependant, une baisse du volume et du prix des exportations énergétiques de la Russie devrait progressivement réduire l'excédent du compte courant de la Russie », expliquent les auteurs.
Ils estiment qu'à moyen terme, les exportations d'énergie pourraient chuter à 250 milliards de dollars, alors que l'Union européenne réduit ses importations d'énergie en provenance de Russie.
Pas de récession mondiale mais une croissance qui s'essouffle durablement: la guerre en Ukraine a aggravé l'inflation compromettant la reprise dans le monde non seulement cette année mais encore en 2023, a prévenu jeudi Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI.
En janvier, avant même l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le Fonds monétaire international avait déjà abaissé ses prévisions de croissance mondiale pour cette année, à 4,4%, en raison du variant Omicron. Il avait en revanche révisé en hausse ses projections pour l'année prochaine. Le conflit en Ukraine a changé la donne.
"Pour dire les choses simplement: nous sommes confrontés à une crise se rajoutant à une crise", a déclaré Mme Georgieva dans un discours prononcé en amont des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale. La dirigeante ne dévoile pas les projections de croissance qui seront publiées pour chaque pays mardi prochain.
Elle indique néanmoins que "l'économie de la plupart des pays restera en territoire positif". En d'autres termes, les économistes du FMI n'anticipent pas de récession pour le moment. Pour autant, "l'impact de la guerre en Ukraine va contribuer à dégrader cette année les prévisions de croissance de 143 pays représentant 86% du PIB mondial", a indiqué Kristalina Georgieva.
Projections "catastrophiques" pour l'Ukraine
De plus, la situation varie beaucoup d'un pays à l'autre. Les projections économiques pour l'Ukraine sont ainsi "catastrophiques" et la prévision de contraction du PIB de la Russie est "sévère", prévient la dirigeante. Elle observe également que le degré d'incertitude entourant les dernières prévisions du FMI va bien au-delà du niveau "habituel" puisque la guerre en Ukraine et les sanctions pourraient encore monter d'un cran tandis que de nouveaux variants virulents de Covid-19 sont susceptibles d'émerger.
Le risque est surtout que l'inflation élevée s'installe durablement et soit ainsi bien plus difficile à juguler. Après une décennie d'inflation quasi muette, les prix dans le monde ont commencé à bondir l'an passé quand la population mondiale s'est remise à consommer fortement après la paralysie économique provoquée par la pandémie de Covid-19 en 2020.
Ces dernières semaines, l'invasion russe de l'Ukraine et les sanctions imposées à Moscou ont, elles, fait grimper de manière vertigineuse les prix des carburants et des denrées alimentaires. L'Ukraine et la Russie sont d'importants producteurs de céréales, et la Russie est également une source d'énergie clé pour l'Europe. Les répercussions économiques sont donc ressenties bien au-delà de la région d'Europe centrale et de l'est.
"Fragmentation"
L'inflation, qui a atteint un sommet en quatre décennies aux États-Unis, est "actuellement un réel danger" pour de nombreux pays et affecte durement les plus pauvres, a déploré Georgieva dans ce discours prononcé au Carnegie Endowment for International Peace à Washington, un centre de réflexion, notant que la tendance durera probablement plus longtemps que prévu. "C'est un frein massif pour la reprise mondiale", a-t-elle ajouté.
Cela complique aussi considérablement la tâche des décideurs car en relevant leurs taux d'intérêt, les principales banques centrales augmentent les coûts d'emprunt des pays émergents et en développement, qui sont lourdement endettés. "Il s'agit de l'environnement politique le plus complexe de notre époque", a également opiné Kristalina Georgieva, appelant les institutions monétaires à "agir de manière décisive".
Mettre fin à la guerre et à la pandémie sont des priorités absolues pour assurer la prospérité, a également souligné la dirigeante. Elle a enfin alerté sur la "fragmentation croissante de l'économie mondiale en blocs géopolitiques" qui nuisent à la capacité de faire face aux crises actuelles et à venir. Ceci pour conduire à un "changement tectonique" qui refaçonnerait par exemple les chaînes d'approvisionnement mondiales.