Cuba. Les défis du nouveau « modèle »
La Banque centrale de Cuba a annoncé que les banques et les bureaux de change commenceront, jeudi 4 août, à acheter des dollars à un taux de 120 pesos cubains par billet vert, le même que celui du marché noir, une démarche destinée à attirer les devises.
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Un part importante de la population cubaine reçoit des dollars - envoyés par des proches vivant à l'étranger ou provenant de services rendus aux touristes visitant l'île - qu'elle échange ensuite le plus souvent sur le marché noir, et qui passent donc complètement à côté de l'économie officielle.
Dans un message télévisé, la présidente de la Banque centrale Marta Sabina Wilson a annoncé mercredi que les institutions financières pourront acheter des dollars au taux de 120 pesos par billet vert, contre 24 pesos pour le taux officiel.
"Nous avons considéré que le taux de change de 120 pesos cubains pour un dollar, qui est la monnaie prise comme base pour établir le taux de change avec le reste des monnaies, est le taux qui, selon nous, aura davantage de perspectives", a-t-elle déclaré.
Envolée du taux officieux
La devise américaine s'est envolée sur le marché noir depuis la mise en oeuvre à Cuba, en janvier 2021, d'une réforme économique fixant le cours du dollar à 24 pesos, et de la suspension en juin dernier de la vente de dollars à la population en raison du manque de liquidités.
Le dollar a atteint les 124 pesos sur le marché informel. Mercredi, il s'établissait à 115 pesos, selon El Toque, un média indépendant considéré comme illégal à Cuba, qui publie la cotation des principales devises. Dans un premier temps, seules les institutions financières pourront acquérir des dollars.
"Le taux de change de 120 CUP (pesos cubains) pour un dollar n'est pas un taux de change équilibré, il ne sert qu'à acheter. Lorsque nous commencerons à acheter et à vendre, un taux de change équilibré sera mis en place", a déclaré le ministre de l'Economie, Alejandro Gil.
M. Gil, a précisé que la parité officielle de 24 pesos restera en vigueur pour les transactions économiques intérieures."Cette mesure n'a pas d'incidence sur le fonctionnement du secteur des affaires, le taux de change officiel de un pour 24" est maintenu pour les entreprises publiques ou semi-publiques et les autres opérations financières, a-t-il détaillé.
Une certaine quantité de devises entrant à Cuba "n'est pas captée par le système financier national" et se déplace vers le marché informel, a-t-il expliqué. Le gouvernement doit ainsi "trouver le moyen de capter ces devises et de les investir".
Pour l'économiste cubain Omar Everleny Pérez, cette mesure peut en revanche "conduire à davantage de problèmes" car "le taux de change informel va monter en flèche".
Par ailleurs, il y aura davantage de masse monétaire en circulation et "les prix pourraient augmenter encore un peu plus", prévoit-il. Cuba traverse actuellement sa pire crise économique en trente ans, avec une pénurie grandissante de produits alimentaires, de médicaments et de carburant, en raison des conséquences de la pandémie de coronavirus et du renforcement de l'embargo économique des Etats-Unis.
L'île connaît également de graves difficultés pour produire de l'électricité, entraînant de longues coupures de courant qui ont provoqué des mouvements de protestation inédits dans plusieurs provinces.