Covid long : bientôt un test de diagnostic ?
Des patients du monde entier dépensent des milliers d'euros pour essayer des traitements par aphérèse qui, malgré un manque de preuves, semblent efficaces pour atténuer les symptômes débilitants liés à l'affection encore méconnue qu'est le COVID long.
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Plusieurs chercheurs ont remarqué que des substances sanguines particulières étaient présentes chez les patients atteints de Covid long. De quoi susciter l'espoir d'un diagnostic via une prise de sang chez certains scientifiques, quand d'autres réfutent cette hypothèse.
Si la pandémie de Covid-19 est un lointain - mauvais - souvenir pour nombre de Français, certains n'ont jamais cessé d'être confronté à ce virus, au quotidien. À ce jour en France, plus de 2 millions de personnes souffrent de Covid long, c'est-à-dire de symptômes qui persistent "au-delà de 4 semaines après la date présumée de contamination et qui ne peuvent pas être expliqués par une autre maladie", est-il expliqué sur le site de l'assurance-maladie.
Les symptômes du Covid long sont presque aussi multiples qu'il n'y a de patients, des femmes majoritairement: fatigue physique ou intellectuelle pouvant "entraîner une réduction importante des activités professionnelles, sociales et personnelles", essoufflement, toux, troubles du sommeil, pertes de mémoire, douleurs thoraciques, céphalées ou encore problèmes musculaires, digestifs, oculaires...
Autant de pathologies qui peuvent varier en fonction des jours et qui rendent très difficile le diagnostic du Covid long, encore bien mystérieux. Mais des chercheurs, tant américains que français, suscitent l'espoir: dans le futur, une simple prise de sang pourrait permettre de sortir du brouillard un certains nombre de patients, note Le Parisien.
Des marqueurs sanguins
Des scientifiques de l'université de Yale aux États-Unis ont relevé, dans une étude parue le 25 septembre dans la revue Nature, que des biomarqueurs sanguins ont été identifiés chez des personnes atteintes de Covid long. Ces substances sanguines pourraient ainsi être utilisées pour distinguer les patients atteints de la maladie.
"Cette étude fait le constat de la présence d'anticorps dirigés contre les protéines du virus, qui ont normalement une vie relativement courte. Leur présence après plus de six mois d'infection suggère que les antigènes du Covid sont toujours présents", détaille Jérôme Estaquier, directeur de recherche à l'Inserm, contacté par BFMTV.com, qui avait lui-même fait des découvertes prometteuses à ce sujet en mars dernier en collaboration avec l’université de Minho à Braga au Portugal.
Il avait alors observé que 80% des personnes touchées par un Covid long présentaient les mêmes marqueurs sanguins, alors qu'ils étaient rares chez les autres patients.
Il ajoute: "Au-delà de ces anticorps, on a testé d'autres marqueurs, comme réalisé pour d'autres maladies infectieuses tel le sida. Les réponses naturelles des muqueuses sont également perturbées, ainsi que certaines cellules immunitaires...".
Deux récentes études ont aussi décelé que les organes de certains patients étaient endommagés, et certains neurones altérés.
"La question est maintenant de savoir si un marqueur est associé à une pathologie précise ou si un marqueur est présent quel que soit la pathologie observée chez les personnes ayant des symptômes persistants comme la fatigue, des troubles cognitifs, des difficultés respiratoires ", affirme Dr Estaquier, également professeur à l'Université Laval au Québec.
L'invitation à la prudence est toutefois de mise. Brigitte Ranque, professeure de Médecine Interne à l'hôpital européen Georges Pompidou de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, contactée par BFMTV.com, maintient que "les différences biologiques trouvées entre les patients avec ou sans Covid long sont non significatives ou minimes. Et insuffisamment discriminantes pour être valides à l'échelle d'un individu".
Elle signale aussi que "les anomalies (relatives) retrouvées diffèrent selon les articles et ne sont pas confirmées d'une équipe de chercheurs à l'autre à l'autre" empêchant de créer des généralités.
"Un test de diagnostic sérologique"
Jérôme Estaquier va mener des recherches approfondies à ce sujet, "avec d'autres cohortes, à l'aveugle, afin d'affiner la notion", via, schématiquement... une prise de sang.
"L'objectif demain, c'est de pouvoir confirmer le fait que l'on puisse observer les formes de Covid long à travers un test de diagnostic sérologique, déclare-t-il.
"Et de pouvoir déterminer dans quelle mesure ces marqueurs pourraient être associés ou non avec les différentes formes de pathologies."
Le chercheur principal de l'étude américaine, David Putrino, de l'Icahn School of Medicine at Mount Sinai, à New York, l'affirme: "Ces travaux constituent une étape décisive dans le développement de protocoles d'analyse sanguine valides et fiables pour le Covid long", comme le relaye The New indian express.
Dans le futur, cette prise de sang ne suffirait pas en l'état. Elle devrait sans doute être complétée par d'autres examens cliniques comme des radios, des scanners, des IRM. "Comme c'est le cas pour n'importe quelle autre pathologie", souligne le chercheur de l'Inserm.