Les médecins libéraux en grève ce vendredi
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Dès ce vendredi, généralistes et spécialistes libéraux sont appelés à fermer les cabinets, annuler les consultations et déprogrammer toutes les opérations prévues, hors urgences vitales
« Pression maximum » sur l’exécutif : les médecins libéraux tirent le rideau vendredi à l’appel de tous leurs syndicats représentatifs, pour une grève « reconductible » avant de nouvelles négociations tarifaires et l’examen au Sénat d’une loi qui les exaspère. En ce « vendredi noir », généralistes et spécialistes libéraux sont appelés à fermer les cabinets, annuler les consultations et déprogrammer toutes les opérations prévues, hors urgences vitales.
L’objectif est de « reporter » les patients vers l’hôpital public pour « montrer l’importance de la médecine libérale », quitte à provoquer « une crise sanitaire », a expliqué mardi Philippe Cuq, président du syndicat de chirurgiens Le Bloc et porte-parole d’une toute nouvelle « intersyndicale » qui réunit 12 organisations de professionnels ou futurs médecins. « On fait ça la boule au ventre, mais on ne peut plus laisser se dégrader notre secteur », a tranché le chirurgien.
« Renouer » le dialogue
Forte d’une unité « jamais vue » selon ses représentants, l’intersyndicale promet une mobilisation d’ampleur, « bien au-delà » des 10 % de praticiens syndiqués en France. Cette fois les six syndicats représentatifs (Avenir Spé-Le Bloc, CSMF, MG France, FMF, SML, et UFML-S) ont décidé de faire front. Tous font le « constat » d’une profession « à bout de nerfs », qui se sent évincée des politiques de santé publique. Ils critiquent des « choix politiques qui dissuadent les jeunes de s’installer » et font reculer la pratique libérale, au profit du salariat. Selon l’Ordre des médecins, l’effectif à statut exclusivement libéral a baissé de 11,8 % depuis 2010, alors que l’effectif des médecins salariés a augmenté de 13,4 %.
Première « revendication phare » : la reprise des négociations tarifaires avec l’assurance-maladie, avec « de vrais moyens » pour redonner du souffle au métier. L’échec l’an dernier d’une première tentative de négociation avait conduit à une revalorisation a minima de 1,50 euro de la consultation de base (26,50 euros pour le généraliste), qui entrera en vigueur le 1er novembre. Tout le monde, gouvernement compris, juge insuffisante cette revalorisation. La dernière datait de 2017.
Mais l’exécutif ne veut pas lâcher plus sans obtenir des médecins de nouveaux engagements servant ses objectifs, comme aider les Français à trouver un médecin, ou limiter la hausse de la consommation des médicaments. Les objectifs varient en fonction des syndicats, qui réclament entre « 30 euros la consultation de base » des généralistes pour le modéré MG France, et 50 euros pour d’autres syndicats comme l’UFML.
« Dans le désert »
« Ce n’est pas pour augmenter ce qu’on gagne, c’est pour pouvoir embaucher », notamment des assistants médicaux ou infirmiers, pour réduire le travail administratif et se concentrer sur les tâches proprement médicales, a expliqué le docteur Patrick Gasser, président d’Avenir Spé-Le Bloc (médecins spécialistes). L’intersyndicale fustige aussi la proposition de loi Valletoux sur « l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels », qui sera examinée fin octobre au Sénat. Ce texte, « bureaucratique » et « coercitif » selon les syndicats, vise à imposer aux médecins libéraux une forme de responsabilité territoriale.
Les spécialistes en particulier redoutent d’être mobilisés pour assurer des gardes, voire d’être contraints d’aller les assurer à l’hôpital public. Le budget de l’assurance-maladie prévu pour 2024 est enfin jugé « largement insuffisant » face à la crise que traverse le système de santé, entre vieillissement de la population et pénurie exponentielle de médecins. « Depuis 20 ans, rien n’est fait. Aujourd’hui le démantèlement de la médecine libérale s’accélère », déplore le président d’honneur de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon.
Pour « alerter les patients sur la désertification », il consultera toute la journée « gratuitement et sous une tente » près de la mairie d’Issy-les-Moulineaux, en région parisienne. « On est dans le désert, c’est la faute à Le Maire », écrira-t-il sur ses banderoles, en référence au ministre de l’Économie qui a « choisi », dit-il, de contracter le budget de la Santé.