L'Algérie reporte la visite d'un rapporteur de l'ONU par crainte d'une condamnation
L’Algérie vient de reporter indéfiniment la visite du rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme. qui devait se tenir du 12 au 22 septembre.
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Le régime algérien refuse d’assumer ses responsabilités et ses engagements devant les instances de l’ONU qui veillent à la protection des droits humains. Avec ce nouveau report, l’Algérie signe un refus catégorique que sa situation soit analysée et exposée devant la communauté internationale.
Le discours officiel d’Alger, présenté par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune indique qu’il n’existerait pas de détenu d’opinion en Algérie et que les quelques 300 personnes détenues depuis 2019 dans le cadre des marches du Hirak, ne seraient qu’une pure invention.
Le régime algérien a mené une sévère campagne de répression contre toutes les voix dissidentes ou réclamant des droits et libertés fondamentales, le droit à manifester, se réunir, former des associations, et tenir des réunions de partis politiques.
Toutes ces choses là ont été graduellement supprimées en Algérie depuis la montée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune, en plus des violations des droits de l’homme, des procès non équitables visant des journalistes et des hommes politiques, des nombreuses affaires de torture, de viol sur mineurs, et de décès suspects de prisonniers.
Et alors que Clément Nyaletsossi Voule, nommé rapporteur spécial sur les libertés en 2018, devait se rendre en Algérie courant mois de septembre pour s’entretenir avec la société civile, rencontrer les responsables des partis d’opposition et ceux de la société civile autonome, à savoir les indépendantistes de la Kabylie dont leur mouvement, le MAK a été inscrit sous la présidence de Tebboune comme « organisation terroriste ».
Clément Nyaletsossi Voule devait par la suite faire son rapport sur la situation des droits de l’Homme en Algérie. Cependant, le gouvernement algérien a expressément demandé le report de cette visite jusqu’en 2023, tentant de se donner encore du temps.
Il faut rappeler que les autorités algériennes ont reporté cette visite onusienne à plusieurs reprises depuis 2020, alors que les demandes se faisaient de plus en plus pressantes à cause de la détérioration notable de la situation des droits de l’Homme dans le pays.
Mais en réalité, selon le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), ce report est 9ème depuis 2011 et il s’agit plutôt d’un « refus déguisé ».
La première visite du rapporteur onusien devait avoir lieu en 2011, avant qu’elle ne soit reportée par le régime algérien à 2013, puis à 2020. En 2021, plusieurs dates ont été fixées pour la venue du représentant onusien, et elles ont, à chaque fois, été reportées.
« Ce n’est qu’un refus déguisé de la venue du rapporteur, tellement la situation des libertés publiques est catastrophique, surtout pour les droits relevant du mandat des rapporteurs, à savoir les multiples violations des libertés d’association, avec la dissolution du RAJ, la mise sous scellés du bureau de l’association SDH d’Oran, le gel des activités des partis politiques, dont le PST, et les poursuites judiciaires contre le MDS et L’UCP. Il y a aussi les interdictions de plusieurs réunions publiques et des manifestations pacifiques. Ce sont toutes des questions embarrassantes qui ne peuvent être évoquées lors de cette visite », a-t-il énuméré.
« Que dira le gouvernement face à toutes ces violations devant le rapporteur qui en plus de ses rencontres avec les officiels, a prévu aussi de rencontrer les acteurs de l’opposition et de la société civile autonomes? », s’interroge l’acteur associatif.
Pour lui, le gouvernement algérien « a peur de cette visite qui va démasquer la réalité d’une répression implacable, c’est une fuite en avant, tellement la situation des libertés publiques est chaotique et accablantes ».
L’Algérie connaît une dégradation de la situation des libertés, avec l’incrimination de l’action politique, le harcèlement et l’emprisonnement des journalistes et des militants politiques, ainsi que la multiplication des attaques contre les partis d’opposition qui refusent de s’inscrire dans l’agenda du pouvoir», a indiqué le militant.
La question de la situation des droits de l’Homme dans le sud de l’Algérie n’est même pas évoquée, même si elle concentre une grande partie des humiliations et des préjudices subis par le peuple algérien. Pour le simple fait de parler de manifestations dans le sud, des journalistes ont été arbitrairement jetés en prison, accusés de propager des mensonges.
Aussi, la question des camps de réfugiés de Tindouf, et leurs conditions de vie déplorables sur le sol algérien est également une question que le gouvernement d’Alger cherche à éluder.