Guerre en Ukraine : pourquoi certains pays soutiennent-ils Poutine ?
Des puissances telles que la Chine, l’Inde et même le Pakistan restent neutres, voire favorables à Moscou. Mais pourquoi ?
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Pour la Chine, l’enjeu est très clair. Si l’Ukraine tombe en mains occidentales et que la Russie est affaiblie, voire perd cette guerre, la Chine sait qu’elle n’a aucune illusion à se faire : elle sera la prochaine sur la liste. Et sans allié russe, Pékin serait en très mauvaise posture car il se trouverait encerclé de tous côtés. On comprend aussi mieux pourquoi Taiwan est d’une importance si vitale pour la Chine...
Quant à l’Inde, avec son milliard et demi d’habitants et qui ne dispose même pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité alors que la France et la Grande-Bretagne en ont deux avec dix fois moins de citoyens, elle ne peut se résoudre à se laisser marginaliser par une victoire totale de l’Occident. Le non-alignement est une affaire d’honneur et de survie géopolitique pour elle.
Vue sous cet angle, la bataille pour l’Ukraine prend une autre dimension. Il ne s’agit rien moins que d’une guerre pour la suprématie mondiale, les uns cherchant à restaurer leur hégémonie complète tout en vassalisant l’Europe, tandis que les autres luttent pour un monde multipolaire. Une nouvelle version de la lutte pluriséculaire du monde des Blancs contre la coalition des Noirs, des Colorés et des Jaunes. Voilà qui expliquerait pourquoi les 40 pays asiatiques, africains et latino-américains qui ont soutenu ou se sont abstenus de sanctionner la Russie lors du vote des Nations Unies, et qui représentent 4,5 milliards d’êtres humains, regardent le spectacle de loin et avec le secret espoir que la Russie gagne son bras de fer.
Ils connaissent le goût des bombes, des assassinats et des dictatures imposées de l’extérieur. Ils ont appris à connaitre la rapacité, la cupidité et le cynisme d’un Occident qui les opprime depuis des siècles au nom de la civilisation, de la démocratie et des droits de l’Homme mais qui fait tout le contraire quand ses intérêts sont en jeu.
Ils savent que ce qui les attend, c’est un siècle de néocolonialisme sous prétexte de lutte pour la liberté.
Ils ont vu comment l’Europe, qui se gargarise d’humanisme, a accueilli à bras ouverts les Ukrainiens «blancs, chrétiens et vêtus des mêmes habits que nous» en leur offrant des billets de train gratuits, et fermé ses portes aux étudiants nigérians, indiens, pakistanais, chinois, afghans, syriens qui cherchaient à fuir les combats.
Ils ont vu se noyer les Africains en Méditerranée alors qu’on se barricadait contre eux. Ils ont vu comment les Européens, qui leur donnaient des leçons de pacifisme et d’écologie, n’hésitaient pas à trahir leurs engagements pour réarmer l’Allemagne à coups de dizaines de milliards d’euros, livrer des tonnes d’armes à l’Ukraine et acheter du gaz de schiste et du pétrole de fracking américain alors qu’ils les vilipendaient quelques mois plus tôt.
Ils regardent avec attention les nouveaux Gauleiter de la pureté culturelle et de la morale inclusive européenne bannir les musiciens, écrivains et interprètes, les Tchaikovsky, Dostoievsky, Valery Gergiev, Anna Netrebko des universités et des salles de concerts, voire les handicapés des Jeux paralympiques et les chats des concours de beauté internationaux !
Tel est le prix de la guerre. Elle ruine les vaincus mais aussi l’âme des vainqueurs, si tant est qu’ils vainquent et qu’ils en aient encore une
Source : Bon pour la tête