La tête humaine n’est pas notre seul atout à naître immature, puis s’épanouir dans la petite enfance : nos épaules aussi ! D’après des travaux japonais publiés dans PNAS, la croissance de nos épaules ralentit pendant la vie fœtale, puis accélère après la naissance. Un compromis biologique à un dilemme entre faciliter la naissance et assurer des individus aux larges épaules, probablement requises pour la locomotion et la respiration.
Les épaules restent parfois bloquées pendant la naissance
A chaque espèce sa stratégie de survie. Chez les humains, notre coûteux et volumineux cerveau est notre principal atout. Malheureusement, le bassin des mères n’a pas pu suivre la même croissance, probablement pour ne pas affecter leurs capacités de locomotion, ou mieux retenir les organes dans l’abdomen et le fœtus pendant la grossesse. Pour cette raison, nos nouveau-nés viennent au monde avec une petite tête au cerveau très immature et au crâne encore non soudé. Résultat, la masse cérébrale du nouveau-né humain n’atteint que 30% de celle de l'adulte, contre 40% chez le chimpanzé et 60% chez le macaque.
Mais le crâne ne serait pas le seul organe à s’être adapté au canal de naissance maternel. C’est en tout cas ce que démontrent des chercheurs japonais, qui se sont penchés sur la largeur des épaules. Plusieurs hypothèses expliqueraient pourquoi nos épaules doivent rester larges. Elles pourraient servir “à stabiliser le tronc pendant la locomotion bipède et à faciliter les lancers à grande vitesse”, suggèrent les chercheurs. Il est également probable que la largeur des épaules soit liée à la taille du thorax, et donc à une bonne fonction respiratoire postnatale.
Résultat, “la prévalence de la dystocie des épaules, à savoir le blocage des épaules du fœtus dans le canal de naissance, est relativement élevée chez l'humain”, surtout lorsque le bébé est de poids important, exposent-ils. Pourtant, il se pourrait que nos épaules se soient adaptées au mieux, pour rester étroites le temps de naître. “Nous émettons l'hypothèse que, chez l'humain, le développement prénatal des épaules est contraint par l'obstétrique”, ajoutent les chercheurs.
Sciences et Avenir