Politique spatiale et construction de l'état en Chine
En avril 2002, les journaux officiels chinois [1] annoncent que la Chine compte lancer « dans les premières années du siècle » son premier taïkonaut [2]. Plus de 40 ans après le vol de Youri Gagarine, la Chine reprend une démarche classique d’affirmation d’image sur la scène internationale, via la conquête de l’espace, et se présente comme la troisième puissance capable d’envoyer par ses propres moyens des hommes dans l’espace.
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Cette mission, il en avait déjà été question. Mais aujourd'hui, ce sont bien les scientifiques chinois aux commandes qui l'évoquent. Qui la détaillent, même. Puisqu'ils publient un livre blanc de quelque 115 pages pour expliquer comment ils comptent partir en quête d'une « Terre 2.0 ». En s'appuyant sur un observatoire spatial de nouvelle génération dont le lancement est prévu pour la fin de l'année 2026. La mission « ET » -- pour « Earth 2.0 » -- comme ils la baptisent. Car l'objectif est là : trouver une planète qui pourrait abriter la vie.
« Les planètes habitables semblables à la Terre autour d'étoiles de type solaire, c'est-à-dire la Terre 2.0, sont probablement les endroits les plus propices à la recherche de vie extraterrestre en raison de leur environnement physique, chimique et potentiellement biologique similaire à la Terre », expliquent les chercheurs. D'où l'idée d'identifier d'abord une Terre 2.0 avant de se mettre à chercher des traces de vie.
Au cours de sa mission, le télescope spatial Kepler a identifié quelque 2.600 exoplanètes. Certaines complètement différentes de ce que les astronomes connaissaient. L’une ou l’autre en orbite dans la zone habitable de leur étoile. Mais pas réellement de Terre 2.0, de planète rocheuse de taille similaire à celle de la nôtre, atour d’une étoile ressemblant au Soleil et en orbite dans la même région.
À la base du projet, sept télescopes qui, comme le télescope spatial James Webb de la Nasa, seront « stationnés » au point de Lagrange L2 pendant quatre ans. Six d'entre eux -- d'un diamètre de 30 centimètres chacun -- seront dirigés vers la même région du ciel que le télescope spatial Kepler a déjà observé. Pour se repérer plus rapidement. Vers la constellation du Cygne et celle de la Lyre. Spécialement conçus pour s'affranchir du bruit découvert par Kepler autour des étoiles de type solaire, ils traqueront les transits d'exoplanètes.
Le septième télescope de la mission ET, lui, fera face au centre de notre Voie lactée. Avec pour objectif de repérer les phénomènes de microlentilles gravitationnelles qui pourraient notamment trahir la présence de quelques exoplanètes vagabondes. Des planètes qui ne sont plus rattachées à une étoile. Et de fait, particulièrement difficiles à débusquer.
Plus d’une dizaine de Terres 2.0 en vue
Parce que, ce que la mission ET recherchera, c'est non seulement des planètes de la taille de la Terre en orbite autour d'étoiles semblables à notre Soleil et à une distance proche de celle que nous connaissons à notre Planète, mais tout simplement toutes les planètes de type terrestre. Également celles dont les orbites diffèrent de celle de notre Terre et donc, les éventuelles planètes rocheuses vagabondes.
Les chercheurs chinois ont d'ores et déjà mené quelques simulations. Ils annoncent que la mission ET devraient être en mesure de détecter quelque 29.000 nouvelles exoplanètes. Parmi elles, près de 4.900 de la taille de notre Terre. Et, partant de l'idée que le taux d'occurrence de planètes rocheuses semblables à la nôtre est de 10 %, possiblement entre 10 et 20 Terres 2.0. Le tout dès 2030, donc.
Une fois ces Terres 2.0 identifiées, il restera tout de même à étudier la composition de leur atmosphère et à déterminer si de l'eau peut couler à leur surface. Ensuite, les chercheurs devront se mettre en quête de biomarqueurs -- tels que le méthane ou l'oxygène -- ou de technosignatures -- comme des transmissions radio -- qui pourraient indiquer que la vie s'y est développée.
Le livre blanc publié par les chercheurs en charge du projet nous apprend aussi que la mission ET ne s'arrêtera pas là. Elle visera également des dizaines de milliers d'objets dans notre Système solaire, des comètes ou des astéroïdes. Ainsi que quelques étoiles parmi les plus anciennes de notre Voie lactée. Pour aider à mieux comprendre l'évolution de notre galaxie.