Risque d’accident nucléaire en Ukraine : la Roumanie et la Moldavie en danger
Après les récents combats autour de la centrale de Zaporijjia en Ukraine, les gouvernements de ces deux pays voisins, a relancé sa campagne, recommandant à la population de se fournir en pastilles d’iode.
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À la suite de l’incendie de la centrale ukrainienne de Zaporijjia en mars et à une forte demande en pharmacie, le gouvernement roumain avait enclenché, au printemps, une distribution gratuite de comprimés par le biais des médecins traitants pour les personnes de moins de 40 ans à prendre au signal des autorités.
Après les récents combats autour de la centrale, il a relancé sa campagne, recommandant à la population de se fournir en pastilles d’iode « le plus rapidement possible ». Le gouvernement roumain, qui a aussi envoyé près d’un million de doses à la Moldavie voisine, tente dans le même temps de rassurer la population. Pas simple.
Le fantôme de Tchernobyl
«C’est une campagne de prévention qui était déjà prévue en cas d’incident nucléaire dans les centrales qui se trouvent plus à proximité, en Roumanie, en Bulgarie et en Ukraine, dont celle d’Ukraine du Sud près de Mykolaïv », assure Petre Min, ingénieur nucléaire à la Commission nationale pour le contrôle des activités nucléaires (CNCAN).
«C’est pour rassurer et montrer que la situation est sous contrôle », confirme Raluca Zoitanu, médecin traitant à Bucarest et présidente de la Fédération des médecins de famille. Sauf que… « cela a eu l’effet inverse : les patients ont paniqué et cela a saturé nos lignes », reconnaît la médecin, qui explique qu’il n’y a pas de danger vu la distance à laquelle se trouve la centrale de Zaporijjia, distante de 800 km de la Roumanie (et de 700 km de la Moldavie).
Selon cette médecin, les Roumains gardent en mémoire la distribution généralisée d’iode après l’accident de la centrale de Tchernobyl en avril 1986, située à 600 km de la frontière : « On voyait cette distribution comme une solution miracle, mais elle a été vaine puisque le régime communiste nous a informés trop tard, le nuage radioactif était déjà passé… » D’après les études locales menées sur l’impact de la catastrophe en Roumanie, le taux de radioactivité n’aurait pas mis en danger la santé de la population. Aujourd’hui, Raluca Zoitanu estime que le comprimé est utile «dans le cas d’un accident plus proche ».
Des simulations de nuages radioactifs
Coordonnateur du service des urgences nucléaires, Petre Min surveille de près les activités autour des centrales en Ukraine et évalue les conséquences radiologiques d’un possible accident. Alors que les simulations de nuages radioactifs en cas de catastrophe à Zaporijjia se multiplient, notamment en Russie et en Ukraine, et sont partagées sur les réseaux sociaux, il tient à mettre en garde : «Ces simulations peuvent être sujettes à des interprétations erronées, car nous ne connaissons pas les données sur lesquelles elles sont fondées. De plus, elles montrent la trajectoire du nuage, pas l’impact sur la santé que celui-ci produit. »
Avec son équipe du CNCAN, il a réalisé des analyses sur la base de «plusieurs scénarios possibles », prenant en compte les données météorologiques. D’après leurs résultats, même avec un vent fort venu du nord-est, le taux de radioactivité serait minime en Roumanie et en Moldavie. «Certes, des incertitudes demeurent, reconnaît l’ingénieur, mais selon nos prévisions la longue distance est un facteur de sécurité pour la Roumanie et la Moldavie. » Reste à en convaincre les populations concernées.