C'est la production de condensat de gaz de Total en Russie qui est dénoncée. Le journal Le Monde retrace le cheminement de cet hydrocarbure liquide.
Exploité sur un gisement de Termokarstovoïe par l'entreprise Terneftegaz - codétenue par le groupe français à 49% avec le russe Novatek (51%)- , ce gaz est ensuite transformé en kérosène dans une raffinerie en Sibérie avant d'être acheminé vers deux bases aériennes abritant des escadrons d'avions de combat. Des escadrons qui auraient frappé la population civile ukrainienne à Marioupol selon l'organisation Amnesty International.
Ces conclusions se basent notamment sur des données de la base Refinitiv, permettant de retracer la chaîne d'approvisionnement, appuyées par des images satellite. Selon elles, les expéditions de Terneftegaz ont représenté plus de 8% de la matière première réceptionnée à Omsk en Russie depuis l'invasion de l'Ukraine.
Dans un communiqué, TotalEnergies réfute catégoriquement l’ensemble des informations publiées par Le Monde. Le géant français des hydrocarbures explique n'avoir aucun rôle opérationnel dans la société exploitante du gisement.
Contrairement à d'autres groupes pétroliers comme Shell, BP ou Exxon, TotalEnergie a fait le choix de rester en Russie, continuant ainsi l'exportation de gaz notamment vers l'Europe et bénéficiant par la même occasion de l'envolée des cours des hydrocarbures. 10,2 milliards d'euros de bénéfice net au 1er semestre 2022
La direction de Total soulignait au début de la guerre qu'elle suspendrait progressivement ses activités sur le territoire russe, sans pour autant donner de date précise.
Notre enquête montre qu'au sein d'un partenariat, en Sibérie, Total a extrait un produit gazier envoyé ensuite dans une raffinerie russe qui fournit l'aviation russe. C'est la première fois que nous avons la preuve d'un lien clair entre TotalEnergies et les opérations militaires russes en Ukraine. Les avions militaires qui décollent des bases aériennes recevant ce carburant sont soupçonnés d'avoir participé à plusieurs attaques contre des civils urkrainiens. Notamment un raid à Tchernihiv, tout près de Kiev, le 3 mars dernier, qui a couté la vie à 47 civils qui faisaient la queue pour de la nourriture. Il s'agit clairement de crime de guerre..
RFI